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Coronavirus - Hydroxychloroquine: remède miracle ou faux espoir? Ce qu'on en sait actuellement

Le professeur Didier Raoult, savant français reconnu, mais controversé, est à l'origine d'une folie mondiale autour de l'usage de l'hydroxychloroquine. Les scientifiques restent encore partagés sur le potentiel réel de cette vieille molécule.

"Finalement, c'est probablement l'infection respiratoire la plus facile et la moins chère à soigner de toutes les infections virales". Cette sortie de Didier Raoult, qui dirige à Marseille l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, avait de quoi surprendre... Ce scientifique émérite, mais clivant, a déclaré avec beaucoup d'aplomb, dans une vidéo publiée le mardi 25 février sur YouTube, détenir la solution face au coronavirus : la chloroquine, un médicament traditionnellement utilisé pour le paludisme. Intitulée "Coronavirus : fin de partie", cette vidéo a fait l'effet d'une bombe. Nous recevons d'ailleurs chaque jour, via notre bouton orange Alertez-nous, des messages à ce sujet. "Pourquoi personne ne parle du pourcentage de réussite avec les deux médicaments obtenu par professeur Raoul a Marseille ?", nous interroge notamment Darnel.

Chloroquine et hydroxychloroquine, quelle différence ?

Si Darnel nous parle de "deux médicaments", c'est sans doute parce que l'on parle souvent sans distinction de chloroquine et d'hydroxychloroquine. Deux médicaments différents, mais dont la molécule est proche. La chloroquine est utilisée contre le paludisme depuis plus de 70 ans. L'hydroxychloroquine est plutôt employée dans des maladies auto-immunes, comme la polyartrite rhumatoide ou le lupus.

Sur quoi se base Didier Raoult ?

Le professeur Raoult s'est d'abord appuyé sur les résultats d’une analyse chinoise parue le 19 février concernant les effets de la chloroquine sur le Covid-19. Celle-ci concluait que cette molécule fonctionnait in vitro contre le coronavirus, c'est à dire lors de tests en laboratoire réalisés sur des cultures de cellules. Ce qui est très différent de résultats sur des patients.

Pour renforcer son approche, le professeur Raoult a monté début mars un essai clinique sur 24 patients atteints du coronavirus. Les malades ont suivi un traitement à base d'hydroxychloroquine, plus efficace que la chloroquine, associé à un antibiotique, l'Azithromycine. Résultat ? Le virus avait disparu chez les trois quarts des patients, d'après Didier Raoult.

Dans un article dont il était cosignataire paru le 16 mars, le professeur Raoult a réaffirmé que grâce à la chloroquine, "la maladie liée au nouveau coronavirus sera bientôt l’une des plus simples et les plus moins chères à traiter et prévenir, parmi toutes les maladies respiratoires infectieuses".

Sa méthodologie est remise en question, mais des espoirs subsistent

La communauté scientifique a émis de nombreuses critiques à propos de l'étude du professeur Raoult : la taille de l'échantillon trop petite et des failles dans la méthodologie ne permettent pas d'en tirer des conclusions.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a condamné lundi l'administration d'hydroxychloroquine aux malades du coronavirus avant que la communauté scientifique se soit accordée sur leur efficacité, mettant en garde contre les "faux espoirs". "Des études réduites et non randomisées, réalisées à partir d'observations, ne nous apporteront pas les réponses dont nous avons besoin", a mis en garde le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'une conférence de presse virtuelle depuis Genève.

Qu'importe, à Marseille, devant l'institut où travaille le professeur Didier Raoult, des centaines de personnes font la file... L’infectiologue a lancé une campagne de dépistage massif et de prescription de chloroquine aux patients infectés par le coronavirus.

Cependant, "Discovery", un essai clinique européen, a débuté ce lundi 23 mars pour tester quatre traitements et 5 molécules contre le Covid-19, dont la chloroquine. 3200 patients atteints du Covid-19 sont concernés par cet essai qui permettra peut-être d'y voir plus clair. De premières évaluations sont attendues d'ici 15 jours.

Une nouvelle étude chinoise peu probante

Entre temps, une nouvelle étude chinoise, publiée par le journal de l'université du Zhejiang le 6 mars, tendait à montrer l'inefficacité de hydroxychloroquine.

Réalisée sur un échantillon de seulement 30 patients, elle n'est guère significative. Mais voici les résultats :

Après sept jours, 13 des 15 patients qui suivaient ce traitement ont été testés négatifs, ce qui veut dire que le Covid-19 avait disparu de leur organisme. Pour le groupe qui ne l'avait pas reçu, ce chiffre était de 14.

Le temps médian pris par les deux groupes pour guérir était similaire.

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