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Coronavirus en Belgique: "Comment les gens comme moi vont-ils s’en sortir financièrement?", s’inquiète Elena, une aide-ménagère

Le coronavirus en Belgique affecte le quotidien de millions de personnes. Elena, aide-ménagère de 42 ans, a peur que cette situation ait de lourdes conséquences sur son avenir.

"Je suis maman de trois enfants et chef de famille. Je travaille dans une société de nettoyage comme aide-ménagère pour les titres-services", débute Elena via le bouton orange Alertez-nous.

Il y a un peu plus de deux semaines, la mère de famille est tombée malade. Elle a été "écartée" de son travail pour éviter tout risque à cause de l'épidémie de coronavirus. "J’ai eu une petite angine et un peu de fièvre. Mais vu la situation actuelle, j’ai été dispensée de travail, car je suis employée dans un centre pour personnes âgées", poursuit l’aide-ménagère. "Le médecin a dit que je ne pouvais pas aller travailler à cause du virus et que c’était trop risqué pour les résidents. Ils sont considérés comme des personnes vulnérables car ils ont entre 70 et 98 ans", détaille la quarantenaire.

Sa fille ainée, âgée de 22 ans, ne vit plus avec elle, mais Elena, séparée de son conjoint depuis plusieurs années, a la charge de ses deux autres enfants, des jumeaux âgés de 14 ans. C’est avec eux qu’elle vit ce confinement.


 
"C’est très difficile d’être enfermée mais je ne suis pas malheureuse d’être à la maison avec mes enfants car ça faisait longtemps qu’on n’avait pas passé du temps ensemble. Mais je suis extrêmement inquiète de la situation. Mes enfants n’ont pas école, moi, je n’ai pas de travail et le confinement pourrait se prolonger. Je me demande chaque jour comment je vais faire pour m'en sortir avec mes crédits à la consommation. Je gagne entre 1400 et 1600 euros par mois. J'ai un loyer de 960 euros à payer, le crédit de ma voiture, l'internat de mes fils, sans compter l'eau et l’électricité. Comment vais-je faire pour payer tout ça ?", précise la Bruxelloise de 42 ans, la voix trahie par l’émotion. 
 
"Bien entendu, je comprends l'importance du confinement, mais je ne sais pas comment vont faire les locataires qui doivent tout de même payer le loyer en début de mois et nourrir leur famille", lance l’habitante d’Evere.

 
 
Elena nous raconte que cette situation difficile affecte également son sommeil. "Depuis le début du confinement, je ne dors pas beaucoup. Je reste éveillée jusqu’à 3 h du matin. Je regarde toutes les informations et je me demande comment va se passer le lendemain. J’essaie de m’occuper l’esprit pour ne pas y penser, mais les informations tombent les unes après les autres", confie-t-elle. 

Selon cette dernière, ses collègues ont les mêmes inquiétudes concernant leur avenir. "On se demande si on va pouvoir retourner travailler le 3 avril. Mais moi, je pense que le confinement sera prolongé, car sans cela, on n’aura pas de résultat en seulement 15 jours de quarantaine face au virus. Mais si c’est le cas, et que le confinement est prolongé, comment sera notre situation ? Comment les gens seuls comme moi vont-ils pouvoir s’en sortir financièrement?", se demande Elena.

Que faire si vous êtes locataire en difficulté financière ?

Le syndicat des locataires reçoit des centaines de coups de fil et d'e-mails depuis une semaine, a indiqué lundi son secrétaire général José Garcia. En cette période de confinement, où l'économie est en pause dans bien des secteurs, des salariés et des petits indépendants voient leur salaire diminuer. Ils craignent de ne pas pouvoir honorer leur loyer d'habitation.

"Les gens sont inquiets et veulent être informés. Nous leur disons que la situation est inédite et que rien n'est prévu sur le plan légal pour l'instant. Les loyers et les charges du mois de mars devront être payés. Mais le locataire qui se trouverait en difficulté financière peut toujours contacter son bailleur pour négocier un report des paiements ou une diminution temporaire des mensualités", explique M. Garcia. 

Attention cependant, "il doit y avoir un accord entre les deux parties et une preuve écrite", poursuit le secrétaire général. Et si un paiement dû n'était pas versé, le juge de paix pourrait s'en mêler. 

Statistiquement, les Bruxellois risquent d'être les plus concernés, puisque 51% d'entre eux sont locataires, contre 40% du côté des Wallons et des Flamands. 

Le syndicat des locataires a prévu d'interpeller, d'ici peu, les trois ministres du Logement, Nawal Ben Hamou (Bruxelles), Pierre-Yves Dermagne (Wallonie) et Matthias Diependaele (Flandre). "Nous allons leur demander de supprimer l'indexation des loyers et de généraliser le moratoire contre les expulsions. Nous voudrions que des facilités de paiement soient également accordées aux locataires et que les autorités se penchent enfin sur la problématique des loyers surévalués: certains biens sont carrément insalubres et pourtant les loyers explosent", détaille José Garcia.

Eviter le surendettement des particuliers

Mercredi, les syndicats, CPAS et Mutualités ont demandé de toute urgence que le gouvernement fédéral prenne, dans le cadre de ses pouvoirs spéciaux, des mesures urgentes pour éviter le surendettement des particuliers. "Avec la crise que provoque la pandémie, il est maintenant devenu évident qu'un grand nombre de nos concitoyens vont être malades, mis au chômage ou même perdre leur emploi", relèvent l'ensemble des signataires. Ces changements de situation vont dans un grand nombre de cas provoquer une perte de revenus pour les personnes concernées et leur ménage.

Des mesures ont déjà été prises pour les indépendants, mais aussi pour les particuliers, comme le possible report du crédit hypothécaire. Les signataires saluent également la suspension annoncée des coupures d'eau et d'énergie ainsi que des expulsions, et la souplesse promise par les huissiers pour certaines exécutions. Cependant, ils appellent le gouvernement fédéral - dans le cadre de ses pouvoirs spéciaux - à aller plus loin pour éviter que des particuliers ne tombent dans le surendettement. "Il est nécessaire de permettre aux consommateurs en difficulté de reporter sans frais non seulement les échéances de leurs crédits hypothécaires, mais également celles de leurs crédits à la consommation", estiment-ils.

 Ils jugent en outre essentiel de prendre d'urgence des mesures au niveau du recouvrement des impayés, afin d'éviter l'accumulation de frais qui ne ferait "qu'aggraver encore la situation financière des ménages".

Concrètement, les signataires demandent notamment de suspendre temporairement (depuis le 1er mars jusqu'à la fin des pouvoirs spéciaux) toutes les nouvelles mesures d'exécution forcées ainsi que les délais de prescription et de recours. De suspendre aussi jusqu'à nouvel ordre toutes les dénonciations de crédit à la consommation ou hypothécaire pour les mensualités impayées depuis le 1er mars et donc les majorations d'intérêts pour impayés et les enregistrements à la centrale des crédits aux particuliers.

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