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Coronavirus en Belgique: les agents de gardiennage en première ligne, mais jamais reconnus pour leur travail

En dépit du confinement généralisé, les agents de gardiennage continuent de travailler, dans l’ombre, et parfois dans un climat électrique.

Ils ne sont pas soignants mais exercent un métier qui les place en première ligne face au coronavirus. Ni policiers, ni caissiers, livreurs ou taxis… nous voulons parler ici des agents de gardiennage. Une profession à laquelle, selon certains d'entre eux, les médias, et la société dans son ensemble, ne rendent pas assez hommage. Nous avons reçu, via notre bouton orange Alertez-nous, de nombreux messages d’agents de gardiennage pour attirer notre attention sur cette injustice. Outre le manque de reconnaissance, ces personnes nous racontent des conditions de travail difficiles, face à des citoyens pas toujours respectueux.

Les mesures de sécurité engendrent des tensions entre agents de gardiennage et clients

Alors que de nombreux événements culturels sont annulés dans le cadre des mesures prises pendant la période de confinement, le secteur du gardiennage a dû se réorganiser pour faire face à d’autres demandes : des hôpitaux, des pharmacies et, bien sûr, de la grande distribution. Placés à l’entrée de supermarchés, certains agents de gardiennage sont aux premières loges pour constater les manquements aux règles. "Quand nous leur disons qu'une seule personne par foyer peut entrer dans le magasin, ils [les clients, Ndlr] nous répondent que ce sont des comptes séparés mais nous les revoyons dans les rayons côte à côte en train de faire les courses ensemble", déplore Yassin, agent de sécurité à Bruxelles.

En effet, le gouvernement a demandé aux Belges de faire leurs courses seuls pendant la durée du confinement. De même, les clients doivent tenir une distance de sécurité d’1m50 entre eux dans les supermarchés. Ce qui n’est pas toujours respecté, nous raconte Yassin : "Quand on leur demande de garder des distances certain, ils font mine de ne pas comprendre les raisons", témoigne-t-il.

Nous subissons insultes, agressions verbales et aussi physiques

D’autres, qui n’ont peut-être pas compris que les promenades et activités physiques restent autorisées, viennent au supermarché pour se dégourdir les jambes, regrette Yassin : "Certaines personnes viennent faire leurs courses en 3 et 5 fois car ils s'ennuient. Ça entraîne des fils comme pas possible à l'extérieur"

Outre le non-respect des règles, des agents de gardiennage regrettent les incivilités, voire la violence, de certains clients qui ne comprennent pas les mesures de sécurité prises en raison du coronavirus en Belgique. "Depuis plus ou moins une semaine. Mes collègues de toutes sociétés confondues et moi-même, nous subissons insultes, agressions verbales et aussi physiques", raconte sur Facebook Ludovic, agent de gardiennage nivellois. "Des collègues ont même pris des coups en essayant de gérer l'entrée de certains magasins", corrobore Tony via notre bouton orange.

Un travail effectué la "peur au ventre", à cause du virus

Plusieurs agents regrettent que leur employeur ne leur fournisse pas de masques pour exercer leur travail. L’un fait part de "sa peur au ventre de ramener le virus à la maison". L’autre affirme que son employeur lui a interdit l’usage de masque pour ne pas effrayer les employés de l’entreprise. "Je trouve ça honteux !", s’exclame-t-il. Samuel, de Mons, également agent de gardiennage, confie travailler avec "la boule au ventre", car "absolument pas protégé".

"Les grands oubliés sont les agents de gardiennage"

À l’unisson, tous les témoignages d’agents de gardiennage que nous avons reçus déplorent le manque de reconnaissance envers leur profession. "Tout le monde est remercié, à juste titre, pour son travail exceptionnel dans ces temps difficiles. Mais les grands oubliés sont les agents de gardiennage", nous écrit par exemple Samuel. "Vous oubliez tout le temps de parler des agents de gardiennage qui sont aussi en première ligne", nous indique également Laurent, de Sint-Pieters-Leeuw. "Il faudrait aussi nous soutenir car là on ne l'est pas du tout", estime Tony.

Jean François, vigile de Liège, envoie un mot de remerciement éloquent à ses confrères. En voici quelques extraits :
"Souvent moqués, vous êtes toujours présents à vos postes et cela sous n'importe quelle condition (…) Vous pouvez rester debout, marcher, patrouiller, pendant 8 heures, 10 heures, 12 heures d'affilées, sous la canicule, la pluie, la neige et revenir le lendemain si l'urgence est là (…) Vous exécutez votre travail sous les insultes, menaces verbales ou physiques, mais jamais vous ne vous révoltez (…) Vous n'avez rien pour vous protégez en cas d'agression physique mis à part une radio, un trousseau de clé et une petite lampe de poche (…) Votre présence, personne ne l'a remarque mais vous servez dans l'ombre et on ne se rend compte de votre utilité seulement quand quelque chose ne va pas (…) Alors pour tout ce que vous avez fait dans le passé, ce que vous faites maintenant et ce que vous ferez plus tard durant des périodes difficiles. Merci à vous toutes et tous."

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