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L'Italie cherche à sortir du confinement en toute sécurité

La pandémie du coronavirus ralentit en Italie, où le gouvernement est sous pression pour lever les mesures de confinement et relancer une économie au ralenti.

Plus de 13.000 personnes sont mortes selon les chiffres officiels, et en dépit d'un ralentissement de la contagion le gouvernement a prolongé, "au moins" jusque mi-avril, un confinement qui paralyse l'économie.

La pauvreté progresse et le chômage de masse menace. Les experts ont averti que la troisième économie de la zone euro subirait sa pire récession depuis des décennies (-6% en 2020) si le confinement durait jusqu'en mai.

"C'est horrible d'avoir à choisir entre mettre l'économie en stand-by ou mettre en danger la vie de nombreuses personnes", observe l'expert américain Paul Romer, cité mercredi par le quotidien Il Fatto Quotidiano.

Le gouvernement a besoin d'un "plan crédible pour mettre fin au confinement très rapidement, tout en garantissant la sécurité des salariés même si le virus est encore présent", ajoute le co-récipiendaire du Prix Nobel 2018 d'Economie.

Le patronat estime que chaque semaine supplémentaire de blocage au-delà de fin mai entraînerait une réduction supplémentaire du PIB de 0,75 point.

Le Premier ministre Giuseppe Conte a déclaré mercredi aux dirigeants de l'opposition: "Nous devons planifier un retour à la normalité, et cela doit être fait graduellement pour permettre à tout le monde de retourner travailler en sécurité". Mais aucun plan n'a pour l'instant été annoncé.

- "Large échelle" -

Pour son ministre des Finances Roberto Gualtieri, les prévisions de récessions sont "réalistes", mais il met en garde contre tout redémarrage précipité: "Plus nous sommes rigoureux et efficaces dans la lutte contre l'épidémie, plus tôt nous pourrons redémarrer."

Son ministère prévoit des mesures de soutien économique d'un montant de 500 milliards d'euros, a-t-il dit dans un entretien.

Selon les chiffres officiels, plus de 110.000 personnes ont été infectées en Italie, mais les experts pensent qu'il pourrait y avoir réellement entre 700.000 et 6 millions de cas, jusqu'à 10% de la population.

Cela pourrait signifier qu'un grand nombre de personnes ont eu le virus sans présenter de symptômes et pourraient retourner travailler.

L'ex-Premier ministre Matteo Renzi (centre gauche) plaide pour des tests à grande échelle et la fin du confinement.

"Nous allons devoir vivre avec le Covid-19 pendant des mois, peut-être des années. Ceux qui vous disent autre chose mentent. On ne peut pas rester enfermés chez nous, nous devons trouver un moyen de sortir en sécurité et de travailler en respectant les règles."

Paul Romer plaide pour "une politique d'isolement intelligente, ce qui signifie que des gens sont testés plusieurs fois, toutes les deux semaines". Ceux qui sont négatifs peuvent travailler, les autres restent en isolement.

"Il faut tester sur une large échelle pendant au moins deux ans", a-t-il expliqué. "Dans les guerres du passé, des pays ont mobilisé les moyens de production pour produire de nouveaux équipements. Ils doivent le faire de nouveau. Tous les pays européens sont assez riches et développés pour le faire."

- "Equation simple" -

L'Italie dispose de tests sanguins capables d'identifier rapidement qui a le virus et qui a les anticorps, mais ils sont encore en phase d'expérimentation, selon Guido Marinoni, dirigeant d'un syndicat de médecins dans la région de Bergame (nord), l'une des plus touchées du pays.

De tels tests pourraient fournir des données importantes sur "l'immunité temporaire de la population au virus", selon lui.

D'après le virologue italien Roberto Burioni, les tests mettent au jour les anticorps environ 14 jours après l'infection, mais "nous ne connaissons pas encore l'étendue des défenses apportées par ces anticorps".

Une fois que l'épidémie ralentit, quelques personnes encore infectées "suffisent pour lancer une nouvelle vague et nous retournons à la case départ", met en garde Guido Marinoni. "L'inquiétude est qu'alors que la situation commence à s'améliorer, on répète les erreurs commises au début de l'épidémie."

Le virus en Italie s'est jusqu'ici concentré sur le riche nord, tandis que le sud, plus pauvre, a été relativement épargné. Si le coronavirus devait contaminer le sud, où le système sanitaire est moins performant, la situation pourrait être encore plus catastrophique.

Holger Schmieding, chef-économiste à l'Institut Berenberg, explique à l'AFP qu'un confinement prolongé ferait moins de dégâts qu'une rechute: "L'équation est assez simple. L'Italie doit réduire la propagation du virus à un rythme supportable pour le système de santé, ce qui n'est pas le cas pour le moment".

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