Accueil Actu

Le G7 finance veut prolonger la suspension de la dette des pays pauvres

Les ministres des finances du groupe G7 ont réitéré vendredi "leur détermination" à travailler ensemble pour soutenir les pays les plus pauvres, se disant favorables à l'extension du mécanisme de suspension de la dette qui avait été annoncé en avril dans le cadre du G20.

Ils ont en outre réitéré leur appel aux créanciers privés pour participer à cette initiative, qui doit aider ces économies à faire face à l'impact de la pandémie de Covid-19.

"La participation volontaire du secteur privé a été absente, ce qui a limité les avantages potentiels pour plusieurs pays", déplorent-ils dans un communiqué commun publié par le Trésor américain.

Pour l'heure, l'Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) a permis à 43 pays de reporter 5 milliards de dollars de paiements officiels du service de la dette afin de libérer de l'argent pour répondre à la pandémie de Covid-19, précise le communiqué du G7.

Ce montant est très inférieur aux 20 milliards évoqués en avril par Mohammed al-Jadaan, le ministre des Finances saoudien.

Au printemps, les ministres des Finances et les banquiers centraux du groupe G20 avaient donné leur aval à une suspension immédiate, et pour une durée d'un an, de la dette des pays les plus pauvres, invoquant leur vulnérabilité face à la crise sans précédent provoquée par la pandémie.

Ils avaient alors indiqué que quelque 70 pays étaient éligibles à ce moratoire.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), les perspectives pour l'économie mondiale semblent aujourd'hui moins catastrophiques qu'estimé en juin.

Pour autant, a insisté jeudi son porte-parole Gerry Rice, en dehors de la Chine, les perspectives "restent très difficiles, en particulier pour de nombreux marchés émergents et pays en développement".

Le FMI presse le G20 de prolonger l'initiative de suspension de la dette, avait-il alors indiqué.

Vendredi, les ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés de la planète (Royaume-Uni, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon et Etats-Unis) ont reconnu "les besoins financiers permanents des pays à faibles revenus".

Par conséquent, "nous soutenons l'extension de la DSSI dans le cadre d'une demande de financement du FMI", ont-ils expliqué.

- Défis sanitaires et économiques -

"Nous restons déterminés à travailler ensemble pour soutenir les pays les plus pauvres et les plus vulnérables alors qu'ils relèvent les défis sanitaires et économiques associés au Covid-19", poursuivent-ils.

David Malpass, le président de la Banque mondiale, a immédiatement salué, dans un tweet, "l'appel du #G7 pour une prolongation de la #DSSI, une plus grande transparence de la dette et une action sur l'allégement de la dette au-delà de la simple suspension".

La pandémie a considérablement perturbé la croissance mondiale et a nécessité des efforts de politique budgétaire extraordinaires, ce qui a exacerbé les vulnérabilités de la dette dans de nombreux pays à faibles revenus.

Pour ces pays, la situation reste "précaire", avait résumé jeudi le porte-parole du FMI, alors que ceux-ci subissent la baisse des prix de produits de base, l'affaiblissement de la demande à l'exportation, la baisse du tourisme et la diminution des transferts de fonds en provenance de l'étranger.

- Chine visée -

Si le G7 est favorable à l'extension de la DDSI, ils demandent à en revoir "les modalités", soulignant la nécessité d'une plus grande transparence et une meilleure coordination des créanciers.

Ce changement doit aussi "refléter la nécessité d'un partage équitable des charges entre tous les créanciers", notent-ils.

Dans une longue déclaration conjointe, les ministres soulignent également qu'ils "regrettent vivement" les mesures prises par certains pays pour éviter de participer à cette initiative, en classant par exemple leurs institutions publiques comme des prêteurs commerciaux.

Une critique à peine voilée de la Chine, dont la Banque de développement est considérée par Pékin comme une banque commerciale, ce qui lui permet de ne pas être incluse dans le moratoire sur la dette.

"La Chine est de loin le plus grand créancier bilatéral des pays DSSI et elle a classé l'un de ses plus grands prêteurs publics, la China Development Bank, comme créancier commercial", pointe auprès de l'AFP une source proche du G7.

Les ministres reconnaissent enfin que certains pays auront besoin, à l'avenir, d'un nouvel allégement de la dette.

Ils appellent par conséquent le Groupe des 20 grandes économies et les créanciers du Club de Paris à se mettre d'accord sur les conditions lors de la réunion du mois prochain des ministres des finances du G20.

À lire aussi

Sélectionné pour vous