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Hong Kong: le militant Tony Chung, premier à être inculpé en vertu de la loi sur la sécurité

Le militant prodémocratie Tony Chung, 19 ans, a été inculpé jeudi pour "sécession" à Hong Kong, devenant ainsi la première figure politique locale à faire l'objet de poursuites formelles en vertu de la loi drastique sur la sécurité nationale imposée par Pékin.

Le jeune homme, qui avait été arrêté mardi par des policiers en civil à deux pas du consulat des Etats-Unis, a également été inculpé pour blanchiment d'argent et complot en vue de publier des contenus séditieux.

Il a été placé en détention dans l'attente de sa prochaine comparution en justice le 7 janvier. Il encourt une peine allant de 10 ans de détention à la réclusion à perpétuité.

"Les Etats-Unis condamnent fermement l'arrestation et la détention" de Tony Chung, a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, appelant les autorités à le "relâcher immédiatement".

M. Chung était un ancien membre de "Student Localism", un groupuscule aujourd'hui dissous qui prônait l'indépendance de Hong Kong, région semi-autonome du sud de la Chine.

Ce mouvement avait été dissous peu avant l'entrée en vigueur fin juin de la loi sur la sécurité nationale que Pékin a imposée à Hong Kong. Les sections internationales de "Student Localism" sont demeurées actives.

Ce texte controversé, une réponse à la mobilisation sans précédent depuis la rétrocession de l'ex-colonie britannique en 1997, donne aux autorités de nouveaux pouvoirs pour réprimer quatre types de crimes contre la sécurité de l'Etat: la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec des forces extérieures.

- Demande d'asile? -

Aux termes de l'accord de rétrocession passé avec Londres, Pékin devait laisser Hong Kong jouir d'une large autonomie jusqu'en 2047 en vertu du principe "Un pays, deux systèmes" garantissant théoriquement à ses habitants des libertés inconnues dans le reste de la Chine.

Cette loi jugée liberticide par le mouvement pro-démocratie a jeté un froid dans la région administrative spéciale, puisque l'expression de convictions indépendantistes ou le fait de demander une plus grande autonomie sont désormais proscrits.

M. Chung et trois autres membres de "Student Localism" avaient été arrêtés fin juillet par une nouvelle unité de la police chargée de faire appliquer cette loi, et qui les accusait d'avoir incité à la sécession sur les réseaux sociaux.

Un groupe jusqu'alors inconnu se faisant appeler "Friends of Hong Kong" a publié mardi, après l'arrestation de M. Chung, un communiqué dans lequel il affirmait qu'il avait essayé d'organiser, ce jour-là, l'entrée du militant dans le consulat américain afin qu'il demande l'asile.

L'AFP n'a pas été en mesure de vérifier cette affirmation.

M. Chung était resté en garde à vue jusqu'à sa présentation à un tribunal jeudi et n'a pas été en mesure de réagir aux informations laissant entendre qu'il voulait demander l'asile.

Son contrôle judiciaire ordonné en juillet lui interdit de sortir du territoire hongkongais.

- Allemagne, Canada -

Les demandes d'asile aux Etats-Unis sont censées être faites à l'arrivée dans le pays ou via un programme dédié des Nations unies.

Un nombre inconnu de Hongkongais ont fui l'ex-colonie britannique depuis le début de la répression chinoise contre le mouvement prodémocratie. On sait que certaines demandes ont été acceptées en Allemagne ou au Canada.

Certains ont fui à Taïwan et 12 qui tentaient de gagner l'île clandestinement en bateau ont été interpellés en août par les garde-côtes chinois et placés en détention en Chine.

Ajoutée aux interdictions de rassemblement ordonnées du fait du coronavirus, la loi controversée a grandement contribué à réduire les possibilités de mobilisation du mouvement prodémocratie, qui a été la cible de milliers d'arrestations depuis un an.

Hong Kong a vécu de juin à décembre 2019 au rythme de manifestations quasi-quotidiennes et parfois violentes.

La contestation était née du rejet d'un projet de loi qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine, par la suite enterré. Mais le mouvement avait ensuite considérablement élargi ses revendications pour dénoncer notamment les ingérences de la Chine et demander des réformes démocratiques.

Les manifestants n'ont obtenu satisfaction sur aucune de leurs demandes fondamentales. Et les détracteurs de la loi sur la sécurité l'ont présentée comme le dernier clou sur le cercueil de l'autonomie hongkongaise.

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