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Covid-19: le "Black Friday" sans doute reporté, mais le confinement pas raccourci

Le calendrier de la fin d'année est plus que jamais dicté par le Covid-19: la grande opération promotionnelle du "Black Friday" pourrait être décalée d'une semaine et le gouvernement prévient que "le confinement n'est pas terminé", malgré une amélioration des indicateurs.

Acteur majeur de cette grande braderie, le géant d'internet Amazon s'est finalement prononcé jeudi soir en faveur du décalage de l'opération, qui fait l'objet de négociations entre le gouvernement et les distributeurs.

"Cette année le +Black Friday+ aura lieu le 4 décembre", a déclaré sur TF1 le directeur général d'Amazon France, Frédéric Duval.

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait demandé mercredi aux acteurs de la distribution de "décaler" cette opération massive, prévue le 27 novembre. La décision finale pourrait être prise lors d'une réunion prévue vendredi à 15H00 à Bercy.

Si les amateurs de bonnes affaires devront sans doute patienter une semaine de plus, l'attente sera plus longue pour ceux qui souhaitent la fin des restrictions sanitaires imposées pour lutter contre l'épidémie.

"Le confinement n'est pas terminé. Ce n'est pas d'actualité de déconfiner le pays", a rappelé jeudi le ministre de la Santé Olivier Véran, en conclusion de sa conférence de presse hebdomadaire.

Le "virus circule moins vite" mais "la charge sanitaire reste élevée", a-t-il rappelé, alors qu'Emmanuel Macron doit annoncer la semaine prochaine les conditions d'un allègement des restrictions sanitaires.

- Dépression -

"Des dispositions de freinage" seront maintenues, avait déjà prévenu le Premier ministre, Jean Castex, qui réunit les chefs de partis et groupes politiques vendredi.

Avec 15.807 nouveaux malades entrés à l'hôpital sur les sept derniers jours (contre environ 20.000 entre le 6 et le 10 novembre), dont 2.483 patients admis en réanimation (contre 3.000 au plus fort de la crise), le rythme des arrivées à l'hôpital décroit légèrement et permet d'envisager un soulagement pour les soignants.

Ainsi, dans les Hauts-de-France, la stabilisation du nombre de patients en réa, à environ 500 malades, va permettre de reprogrammer des interventions reportées pour faire de la place dans les services. Mais "la tension hospitalière reste forte, en particulier en Auvergne Rhône-Alpes et en Bourgogne-Franche-Comté", a souligné Jérôme Salomon.

Depuis le début de l'épidémie en mars, 47.127 malades du Covid-19 sont morts à l'hôpital ou en Ehpad, un bilan qui continue de progresser avec plus de 400 morts par jour à l'hôpital.

C'est donc dans une ambiance morose, avec des bars et des restaurants fermés et sans festivités, que le cru 2020 du Beaujolais nouveau a débarqué en ce troisième jeudi de novembre.

D'autant que la crise sanitaire et économique provoque des inquiétudes pour la santé mentale de la population. L'agence sanitaire Santé publique France a fait état d'une hausse de 10 à 21% des états dépressifs entre septembre et novembre.

D'autres questions doivent encore être tranchées par l'exécutif: quid des bars et des restaurants ; dans quelle mesure permettre les déplacements et réunions familiales à Noël ; faut-il maintenir la limite d'une heure et d'un kilomètre ; continuer à préconiser fortement le télétravail ?

- Dépistage généralisé? -

Autres défis: le gouvernement doit prévoir une campagne de vaccination, alors que les essais en cours font espérer son arrivée au premier semestre 2021, et améliorer la stratégie de dépistage et d'isolement des personnes contaminées, après l'échec du triptyque "tester, tracer, isoler" à la sortie du premier confinement puis lorsque l'épidémie est repartie à la fin de l'été.

Aux côtés d'Olivier Véran, la ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, a annoncé que les personnels des Ehpad seraient désormais soumis à des dépistages hebdomadaires par tests antigéniques et les visiteurs incités aussi à se faire tester.

"Tout se joue maintenant pour que la deuxième vague ne ressemble pas à la première dans les Ehpad", a-t-elle souligné, alors que le bilan des décès du Covid-19 a brusquement grimpé depuis début novembre, de 11.651 à 14.530 dans les établissements médico-sociaux.

Plusieurs médecins et experts veulent aller plus loin et réclament des opérations de dépistage massif, pour tout le monde.

"Sur le territoire, on est capable d'organiser le vote de 58 millions de Français en un week-end. Donc, pourquoi ne serait-on pas capable d'utiliser le même type de structure pour, au lieu d'aller dans l'école à côté de chez vous pour passer à l'isoloir, aller dans l'école pour subir un test qui va vous prendre moins d'une heure", a argué Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille, sur RMC/BFM-TV.

"C'est ce qui permettra d'isoler ceux qui transmettent le virus alors qu'ils ne le savent pas, ce sont les cas asymptomatiques", a-t-il souligné.

"Des discussions sont en cours", répond-on au ministère de la Santé. Quant à un isolement obligatoire des cas positifs, Olivier Véran a aussi botté en touche durant son point presse, en appelant à "un débat démocratique" sur la question.

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