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Le laser game de Pina à Waterloo doit rester fermé: "Rien que la location du hangar coûte un peu plus de 5000 euros/mois"

Pina est la gérante de l’établissement Laser Magique situé à Waterloo. Elle a déclenché le bouton orange Alertez-nous pour nous faire part de sa frustration. Le temps passe, la pandémie du coronavirus dure depuis de nombreux mois et elle a peur que son business ne passe à la trappe.

Pour cette jeune quadra, lancer sa propre affaire, c’était un rêve depuis toujours. "A l’université déjà, j’avais des fourmis dans les jambes. Je sentais qu’un jour j’allais lancer mon propre business et être indépendante", nous révèle-t-elle.

Après avoir passé 10 ans à travailler comme salariée dans le secteur privé, Pina et son époux franchissent le pas et lancent leur propre société. Passionnés par les nouvelles technologies, ils décident de remettre au goût du jour les jeux de laser, très populaires dans les années 90, mais de faire évoluer le concept. "On s’est dit qu’on allait mettre sur pied un jeu de laser mais sans chasuble. Avec une société basée à Verviers, nous avons réfléchi à un concept. On a customisé des armes P90 généralement utilisées par les policiers et on a créé tout un monde interactif basé sur le thème du film Star Wars avec une trentaine de robots, vaisseaux et de droïdes qui évoluent dans un labyrinthe étalé sur 900 mètres carrés", nous décrit Pina.

Fort de son succès, le couple décide de se diversifier en 2019 et d’exploiter les 500 mètres carrés restants de son hangar en proposant aux clients un jeu de réalité virtuelle innovant. "On voulait que les personnes équipées d’un casque de réalité virtuelle ne soient pas reliées au plafond, comme c’est généralement le cas, donc on a développé un concept pendant des semaines pour que le client puisse circuler librement et interagir avec plusieurs de ses amis", nous explique Pina, passionnée par les jeux vidéos.

Le concept fonctionne si bien que d’autres entrepreneurs viennent s’inspirer du dispositif élaboré dans son établissement.

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Activité paralysée par la pandémie

Mais voilà, depuis mars, la pandémie du coronavirus et ses restrictions ont paralysé l’activité de la Waterlootoise qui se retrouve avec une accumulation de factures à régler. "Chaque mois, rien que pour la location de notre hangar, cela nous coûte un peu plus de 5.000 euros", nous détaille Pina. "Et nous n’avons plus aucune rentrée d’argent au Laser Magique"...

"Nous avons été en mars l’une des premières sociétés à devoir fermer nos portes. Nous avons eu droit à une indemnité Covid pour le 1er confinement, équivalente à une somme de 5.000 euros; cela ne peut même pas régler dans notre cas, un mois de loyer, et je ne compte pas les charges sociales", déplore la gérante.

Au mois de juin, alors que le déconfinement s’amorce, Pina estime avoir été oubliée par le gouvernement. "Le secteur Horeca rouvrait ses portes, mais rien n’était mentionné sur le secteur récréatif". Une aberration selon Pina qui nous développe ses arguments, qu’elle a également exposés au Vice-Président wallon Willy Borsus en charge de l’Économie, qui, selon elle, a été très à l’écoute.

"Je lui ai dit que c’était une absurdité totale que les écoles pouvaient rouvrir, et que les gens pouvaient rejoindre leur entreprise, mais pas participer à nos activités, alors qu’il s’agit en général des mêmes clusters. Qu’ils soient au travail ou en train de faire une partie de laser game, quelle différence ? Ils partagent quand même les mêmes espaces de travail ou les mêmes classes", développe Pina.

Pina se dit étonnée à ce moment-là de voir que les Belges peuvent désormais se rendre à l’étranger pour leurs vacances, mais pas dans son centre de loisirs. Après avoir vu la publicité d’un concurrent qui annonçait sa réouverture, la gérante téléphone au numéro gratuit mis en place par le SPF Santé pour se rendre compte qu’une décision a été prise concernant les centres de loisirs récréatifs et qu’elle peut rouvrir le laser magique le lendemain.

"Sans surprise, les mois de juillet et d’août ont été financièrement très compliqués", déplore la femme d’affaires. "Les gens sont partis en vacances et n’organisaient pas d’anniversaire pour leurs enfants. De même que les entreprises qui n’organisent pas de team building pendant l’été et ce sont là nos principales rentrées financières", explique-t-elle.

Alors que le mois de septembre est décrit par la gérante comme "meilleur", la deuxième vague liée à la propagation du coronavirus frappe petit à petit la Belgique. Et depuis ce 24 octobre, les portes du laser magique sont à nouveau fermées.

"On a le sentiment que le secteur récréatif est oublié"

"C’est la catastrophe, j’enrage", nous confie-t-elle. "On a eu droit à l’indemnité Numéro 4, celle pour relancer l’économie. Maintenant, le gouvernement annonce une indemnité numéro 5 mais elle est uniquement pour le secteur Horeca et elle n’est pas cumulable avec la numéro 4… On a le sentiment que le secteur récréatif est oublié… "

Pina qui est à la tête d’une famille de 3 enfants a bien tenté de lancer un magasin de vêtements en ligne parallèlement pour pouvoir accumuler quelques revenus. "Mais c’est difficile, les gens ne connaissent pas et préfèrent voir les vêtements avant de commander en ligne et c’est normal", justifie l'indépendante.

Et l’inquiétude gagne tous les membres de la famille de Pina: "Mon fils aîné âgé de 13 ans nous demande souvent: "Alors papa et maman, on peut encore tenir combien de temps ?"

"A cette allure-là, maximum 4 mois, parce que la trésorerie sera vide", estime Pina qui se verra dans l’obligation de déclarer faillite et de dire aurevoir à son rêve de toujours.

Une indemnité "sur mesure" a été conçue pour le secteur récréatif

Jointe par nos soins, Pauline Bievez, la porte-parole du Cabinet du Vice-Président du Gouvernement wallon, Willy Borsus, nous explique, qu'une indemnité "sur mesure" a été mise en place pour les entreprises dont l’activité n’a jamais vraiment repris depuis mars : 53 millions d’euros ont été débloqués pour soutenir des indépendants repris dans 33 secteurs différents, dont celui de Pina. Un formulaire est mis à la disposition des indépendants sur la plate-forme du gouvernement wallon. Il est à remplir avant le 15 décembre 2020.

Et de préciser les conditions d’octroi : "Cette intervention directe dans la perte de revenus est destinée aux entreprises qui connaissent une diminution de leur chiffre d’affaires du troisième trimestre 2020 de 40 % par rapport au chiffre d’affaires du troisième trimestre 2019. Nous prenons alors en charge 30% du chiffre d’affaires réalisé au 3e trimestre 2019", détaille la porte-parole, qui précise que le montant des indemnités varie en fonction de la taille des entreprises, sur la base du nombre d’équivalents temps plein :

  • 5.000 EUR si l’effectif d’emploi est de 0
  • 10.000 EUR si l’effectif d’emploi est supérieur à 0 et inférieur à 10 ;
  • 20.000 EUR si l’effectif d’emploi est égal ou supérieur à 10 et inférieur à 50 ;
  • 40.000 EUR si l’effectif d’emploi est égal ou supérieur à 50.

Tous les détails se trouvent ici. "Les paiements partent la première semaine de décembre", nous précise-t-on au cabinet du Vice-président du Gouvernement wallon.

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