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Interdiction de tirer des feux d’artifice cette année: "Un non-sens alors qu’on a le droit de les vendre"

L’interdiction de tirer des feux d’artifice dans le domaine privé durant les fêtes fait réagir les vendeurs. Bertrand est co-gérant de la société Fêt'incelles avec son frère et tient deux magasins d’articles pyrotechniques dans la province du Hainaut. Il ne comprend pas cette règle. "C’est un non-sens d’interdire de tirer les feux, mais pas de les vendre. Du coup, il n’y a pas de compensation."

Si Bertrand soutient la décision d’interdire les feux d’artifice publics en raison du coronavirus, il ne trouve aucune raison valable de les interdire aux utilisateurs privés: "C’est un petit bonheur pour les gens. Au lieu d’aller sur la Grand Place de Tournai, on fait le plan B: dans son jardin avec son foyer pour les fêtes. Le tir privé est hyper réglementé en Belgique, on est vraiment exemplaire par rapport à ça, il y a très peu d’accident. Donc l’argument de ne pas surcharger les hôpitaux n’est pas recevable."

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Désaccord du côté du ministre de l’Economie, Pierre-Yves Dermagne: "On veut éviter que des gens se présentent aux urgences pour des brûlures ou blessures dues à des feux d’artifices lancés par des non professionnels, explique son porte-parole. Quel que soit le nombre de personne qui vont aux urgences et aussi minime soit-il, c’est une situation à éviter. C’est un appel à la population pour limiter la propagation du virus."

Une passion devenue un commerce

Bertrand n’a jamais eu d’accident. Il fait ce métier depuis 9 ans, et tire des feux d’artifice depuis bien plus longtemps. "On a démarré ce métier par passion avec mon frère. Tous les ans, on tirait des feux d’artifice à deux pour les fêtes de fin d’année en famille. Un jour, le vendeur chez qui on achetait nous a dit qu’il fermait l’année suivante et donc qu’on devait acheter beaucoup pour pas être à cours l’année d’après. En cherchant, on n’a trouvé personne d’autre dans la région. Finalement, on a trouvé un fournisseur. On a d’abord ouvert un petit magasin dans le garage de mon frère. La clientèle du magasin qui fermait nous a suivi, elle s’est développée."

Depuis, le duo a ouvert deux magasins, l’un à Buissenal et l’autre à Templeuve: "On est originaire de là, je vis ici avec ma femme et mes enfants." Hormis pour l’année 2020, leur affaire est un succès: "Au début, ce n’était pas vraiment développé. Mais la clientèle a vraiment augmenté. Aujourd’hui, on tire des feux d’artifice pour les anniversaires, les communions, les mariages. Ça devient une norme."

On vend du rêve…

Cette réussite est liée à la qualité des articles et à la sécurité selon le vendeur: "Avant, c’était des fusées qu’on lançait manuellement, ça pouvait brûler les doigts, faire des accidents. Aujourd’hui, c’est sur batterie. On peut avoir des 49 coups, tout est automatique. C’est vraiment la batterie qui se vent le mieux. La fusée reste amusant pour les pyrotechniciens dans l’âme. Au niveau du spectacle, les batteries sont beaucoup plus intéressantes. Ça fait des spirales, un bouquet final."

Pour Bertrand, c’est ça le plus important: "Ce qui compte, c’est le spectacle. Ce n’est pas l’allumage qui m’amuse, c’est le show. J’aime la montée d’adrénaline juste avant ! Sur un site de tir, on est au pied du spectacle. On a vraiment l’adrénaline du show. On prépare tout, c’est l’arrière du rideau. Et puis, le public arrive. Des milliers de personnes parfois. Faut lancer le spectacle et plus droit à l’erreur. Quand le bouquet final arrive, on entend les cris de joie, les applaudissements. On vend du rêve à un public qui ne vient que pour ça."

Un chiffre d’affaire très bas

Cette activité reste néanmoins complémentaire pour Bertrand: "Vu la situation, heureusement que ce n’est pas mon activité principale. Je suis aussi chef de projet dans la construction." Bertrand a donc eu droit aux indemnités wallonnes, mais pas au droit passerelle. "On a dû réinjecter nous-mêmes."

L’activité de Fêt'incelles a deux côtés, la clientèle privée, et la clientèle professionnelle pour les shows pyrotechniques. "L’activité est nulle de ce côté-là vu la situation. Les fêtes, les événements, tout était annulé. Ça représente 55% du chiffre d’affaire annuel."

Côté privé, les particuliers achètent en majorité des feux d’artifice pour les fêtes de fin d’année. "On fait 40% à Noël, et 5% sur le reste de l’année. Donc pour 2020, j’aurai 5% de mon chiffres d’affaire habituel, si j’ai de la chance."

Les clients sont demandeurs aussi: "On a reçu des messages de clients qui nous demandaient s’ils pouvaient venir acheter les feux d’artifice et les tirer en France."

Ceci est fortement déconseillé par le comité de concertation. Initialement, le simple fait de vendre des feux d’artifice devait être interdit. "Cette mesure a été prise en comité de concertation, explique Nicolas Gillard, porte-Parole de Pierre-Yves Dermagne. Mais le Conseil d’Etat n’a pas suivi. Nous voulions justement éviter que les gens puissent aller les tirer dans d’autres pays. On demande donc à la population d’être prudente et responsable."

Etant donné que la vente est autorisée, Bertrand et son frère ne recevront pas de nouvelles compensations. Certains clients peuvent donc venir acheter leurs feux d’artifice et les garder pour l’année prochaine. "Vous pouvez les garder dans un abri sec comme un garage, explique Bertrand. Un abri de jardin ou une cave sont trop humides. Il faut aussi que ça reste éloigné des sources de chaleur."

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