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Des entreprises comme Solvay et l'Oréal annoncent des plans de restructuration: entrons-nous dans une période de lienciements?

Bruno Wattenbergh, expert en économie, évoque les restructurations d'entreprises au micro de Bel RTL ce vendredi.

Bruno Wattenbergh, expert en économie, évoque les restructurations d'entreprises au micro de Bel RTL ce vendredi.

- Solvay, AGC, L’Oréal en une semaine. Rentrons-nous dans une période de restructurations et de licenciements ?

La réponse est malheureusement oui. Globalement, il y a plusieurs dynamiques qui se conjuguent pour alimenter les restructurations et ce qu’on appelle les "Plans Renault". D’abord, il y a, dans beaucoup de secteurs, une sérieuse baisse de la demande. C’est le cas pour AGC qui fabrique du verre pour les trains et donc le carnet de commande a été divisé par deux pour la SNCF qui est son plus gros client. Comme l’usine n’est pas très compétitive, les licenciements sont inévitables et ici l’on peut incriminer le Covid-19.

Concernant Solvay, le groupe est un pleine transformation. Une transformation qui coûte de l’argent et qui nécessite des investissements. Dans ce contexte, l’entreprise a à la fois besoin de faire des économies et de créer de nouvelles fonctions plus digitales. Elle licencie donc d’un côté et réengage des profils plus digitaux de l’autre.

- Ne peut-on pas former les gens plutôt que les licencier ?

C’est ce que Solvay veut faire. Mais c’est loin d’être simple. Souvent les gens ont une immense résistance au changement. Et, sans vouloir généraliser, au-delà de 50 ans par exemple, tout le monde n’a pas envie de se remettre en question et de devenir un as du digital. Dans le cas de Solvay, on peut considérer que le Covid-19 a accéléré le besoin de transformation.

- Que se passe-t-il chez l’Oréal ?

La consommation de produits de beauté a été fortement impactée par la fermeture de millions de points de vente (salons, parfumeries, grands magasins, magasins d’aéroports, etc.). Alors que dans le même temps, les ventes progressent en Chine et dans l’e-commerce. Il est donc probable que l’entreprise veuille diminuer ses coûts dans la vieille Europe. Et pour ce faire, elle regroupe des activités de support aux Pays-Bas. Mais elle propose à une centaine de ses travailleurs un job près d’Amsterdam. Ici aussi, il y a une responsabilité indirecte du Covid-19.

- N’est-ce pas quelque peu injuste pour ces travailleurs licenciés qui ont parfois travaillé dans des conditions difficiles pendant les 10 derniers mois ?

Oui bien sûr. Mais c’est aussi la dure réalité des chiffres. Une entreprise qui ne se restructure pas régulièrement décline, et va inéluctablement se faire racheter par une autre entreprise qui va restructurer souvent de manière plus brutale. Restructurer dans ce cas c’est aussi donner un avenir à l’emploi restant.

- Est-il normal que les entreprises aient pu bénéficier du chômage Corona et aujourd’hui décident de licencier ?

Très bonne question. En 2020, le chômage Corona a sauvé 96.000 entreprises en Belgique. Mais cela n’a pas nécessairement rendu ces entreprises rentables et saines en 2021. Rappelons qu’une entreprise ne licencie jamais à la légère, car nous restons dans une guerre des talents. Même si dans tous ces plans sociaux, la règle semble à chaque fois être la même : on annonce plus que licenciements que nécessaire pour se laisser une marge de négociation.

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