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Nutrition: comment éviter les carences tout en mangeant végétarien?

Nous vous en parlions ce mardi. Un avis du Conseil supérieur de la Santé à propos de l'alimentation végétarienne met en garde les Belges. Ce type de régime peut être bon pour la santé mais à certaines conditions. Véronique Maindiaux, professeure en diététique et nutrition, et experte au Conseil Supérieur de la Santé était l’invitée du jour ce mercredi. Elle répondait aux questions de notre journaliste Alix Battard.

Alix Battard: Les végétariens, qui sont-ils ?

Véronique Maindiaux : Il y a plusieurs types de végétariens. A la base, les végétariens suppriment tout ce qui est issu d'animaux morts donc ce qui nécessite de tuer l'animal. Cela comprend la viande, le poisson, la volaille et les produits dérivés comme la charcuterie. Les plus fréquents sont les lacto-ovo-végétariens qui consomment encore des produits laitiers, du fromage, des œufs. C'est donc le plus fréquent et puis, après, on a les lacto-végétariens ou les ovo-végétariens et puis on arrive au végétaliens ou vegans, c'est à peu près la même chose. Alors qu’on a des différences philosophiques au niveau de la pratique alimentaire, c'est quasi identique et là, l'alimentation est basée exclusivement sur les aliments d'origine végétale…

Alix Battard:  Passer de végétarien à végétalien n’est pas anodin pour la santé ?

Véronique Maindiaux : C'est difficile d'atteindre les recommandations nutritionnelles dans l' alimentation végétalienne et vegane parce qu’on perd des nutriments qui sont présents dans des produits d'origine animale et qu'on ne retrouve pas dans des produits d'origine végétale. On pense à la vitamine B12 et la vitamine D qui sont vraiment quasi exclusivement animales. On n'en trouve que dans la viande, le poisson, les produits laitiers et les œufs. Il faut donc faire attention quand les gens continuent à consommer des produits d’origine animale, on n'a pas vraiment les mêmes problèmes nutritionnels mais donc là, l'idée c'est vraiment de prévenir et d'attirer l'attention des consommateurs si vous voulez limiter les risques en leur donnant des pistes pour éviter ces carences.

Alix Battard:  Quand on ne mange pas de protéines animales, on manque de quoi ?

Véronique Maindiaux: Alors, on ne manque pas nécessairement de protéines parce qu'on retrouve des protéines dans le règne végétal mais il faut en manger sans doute un petit peu plus et surtout veiller à des bonnes associations, des bonnes combinaisons pour avoir une bonne qualité.

Alix Battard : Si on ne mange pas de viande, où peut-on retrouver ses protéines ?

Véronique Maindiaux: Dans des légumineuses. Je parle de tous les légumineuses: les fèves, les haricots, les lentilles, mais aussi le soja qui est une bonne source de protéines végétales. Le quinoa et les céréales contiennent des protéines de même qualité que les protéines animales. Il faut juste en manger un peu plus et surtout il faut les manger ensemble. Il faut associer par exemple les légumineuses avec des céréales pour avoir une complémentarité alors soit au même repas soit sur la journée.

Alix Battard : Généralement, les personnes qui décident de suivre un régime particulier sont des personnes qui sont attentives à ces apports nutritionnels ou pas forcément ?

Véronique Maindiaux: On ne sait pas mais je pense que pas forcément et donc, c'est important d'attirer l'attention surtout sur des groupes de population qui seraient plus à risque: on pense aux femmes enceintes, aux femmes allaitantes. A ce stade-là, c’est la maman qui transmet les aliments à son nourrisson, aussi après quand elle allaite. En maternelle, tous les nutriments sont essentiels au développement de l’enfant et à sa croissance. Donc c'est quand même quelque chose de très important et puis les toutes premières années de la vie restent quand même des périodes de développement super importantes. Si on a manqué des étapes, on ne sait pas si elles vont être réversibles ou pas. Il faut donc être extrêmement prudent. Alors bien sûr, les adolescents vivent des croissances très importantes mais c’est surtout les petits qui nous concernent.

Alix Battard : Pour palier à la vitamine B12 et vitamine D, on peut prendre des compléments alimentaires ?

Véronique Maindiaux: On peut soit faire appel à des aliments enrichis puisque la législation permet de rajouter des nutriments dans des denrées alimentaires soit de faire appel, en effet, à des compléments alimentaires mais pour ça il faut être bien guidé. Donc, on conseille quand même de consulter des professionnels de la santé pour suivre éventuellement certains paramètres de croissance ou paramètres biologiques et pour avoir des conseils qui sont adaptés, des conseils alimentaires. Adopter des compléments alimentaires n’est pas conseillé à tout le monde. Il vaut mieux d’abord essayer avec l'alimentation.

Alix Battard : Que pensez -vous des aliments de substitut que l'on vend et qu'on adresse en particulier aux végétariens ?

Véronique Maindiaux: Il y a des qualités très différentes. Il y a des aliments qui sont des éléments ultra-transformés et qui contiennent des additifs et qui, en fait, sont des substituts mais n'ont rien à voir. Par exemple, un faux fromage, ou beurre n' a rien à voir avec le fromage donc il n'apportera pas du calcium, des protéines, comme le fromage devrait le faire. Le pain ressemble en général à du pain, et les substituts de viande ressemble dans votre assiette à la même chose mais il faut avoir des critères nutritionnels pour bien choisir les aliments pour que ces remplaçants permettent quand même d' apporter des protéines, du calcium et de la vitamine D.

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