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Axa fait un geste envers les restaurateurs, sans vraiment convaincre

Après des mois de bras de fer avec ses clients restaurateurs victimes de la crise sanitaire, l'assureur Axa a fait un geste jeudi en annonçant une enveloppe de 300 millions d'euros pour 15.000 d'entre eux, une proposition jugée insuffisante par beaucoup d'acteurs du secteur.

"Nous sommes aujourd'hui à un moment clé en France, la réouverture des restaurants et des bars mais aussi la réouverture de l'économie. On veut accompagner nos clients restaurateurs dans cette réouverture, (…) il est important de mettre derrière nous cette difficulté, le flou judiciaire qu'on a vécu dans le dossier des restaurateurs", a expliqué jeudi sur Europe 1 Thomas Buberl, le directeur général du groupe Axa.

Un bras de fer judiciaire oppose depuis de nombreux mois l'assureur à des centaines de ses clients restaurateurs contraints de fermer pendant des mois en raison de l'épidémie de Covid-19. Ils lui reprochent d'avoir refusé d'indemniser leurs pertes d'exploitation liées à la crise sanitaire: Axa estimait que ses contrats ne couvraient pas les pertes liées à un épisode de pandémie.

Au total, 1.500 procédures judiciaires visent le groupe en France. Les décisions se sont jusqu'à présent révélées hétérogènes. Mais force est de constater que l'assureur a souvent perdu.

"On veut mettre ça derrière nous", a indiqué jeudi M. Buberl, soulignant que l'enveloppe débloquée par l'assureur "n'est pas une indemnisation, c'est une transaction". Cela signifie que si les clients l'acceptent, ils devront du même coup renoncer à toute action en justice contre l'assureur dans ce dossier.

- "Insuffisant" -

Dans le détail, l'assureur va proposer aux restaurateurs une somme équivalente en moyenne à 50% de leur manque à gagner sur les périodes d'interdiction d'accueil du public lors des différents confinements, dans une limite de trois mois pour chacun d’entre eux.

Le coût de ce règlement, qui équivaut en moyenne à 20.000 euros par restaurateur, devrait être compensé dans les comptes d'Axa par des développements favorables en 2021, liés à la crise du Covid-19, en France et en Europe, a précisé l'assureur dans un communiqué.

"C'est une décision raisonnable pour l'assureur qui va dans le sens de l'apaisement, même si le montant d'indemnisation annoncé apparaît nettement insuffisant", a estimé dans un communiqué l'avocat Jean-Pierre Tertian, qui a défendu plusieurs restaurateurs des Bouches-du-Rhône.

"Nous attendons de connaître précisément le mode de répartition et le calendrier de versement de cette transaction", a aussi prévenu le Syndicat des Indépendants (SDI), qui avait annoncé en mai assigner Axa en justice pour le compte d'une dizaine de ses adhérents devant plusieurs tribunaux. "Il n'est pas certain que les restaurateurs concernés n'aient pas tout intérêt, au vu des dettes accumulées qui pour beaucoup dépassent les 20.000 euros, de porter leurs intérêts en justice", a-t-il souligné dans une déclaration transmise à l'AFP.

"Les propositions de ce matin ne suffisent pas du tout", a confirmé Roland Heguy, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih). "Les premiers contentieux qu'on a gagné, on a une moyenne de 150.000 euros par restaurant", a-t-il rappelé, prévenant: "Ce n'est pas terminé."

"20.000 euros de dédommagement, c’est dérisoire", a renchéri Didier Chenet, président du GNI, syndicat patronal des indépendants de l'hôtellerie-restauration. "Ils ne couvrent que la partie restauration, le chiffre d'affaires de l'hôtellerie n'est pas pris en compte dans l'indemnisation or nous avons des hôteliers restaurateurs qui ont des contrats qui couvent la totalité de l'activité", a-t-il poursuivi, engageant ses adhérents "à négocier de véritables compensations".

"On offre une transaction à beaucoup de monde (...), même les gens qui ont perdu" en justice", a fait valoir de son côté M. Buberl, précisant que les agents du groupe allaient désormais travailler sur le terrain pour évaluer les besoins de chaque client.

"On veut lancer cette opération le plus vite possible, dès le mois de juin, on va avoir une fenêtre de tir jusqu'à la fin septembre", a précisé à l'AFP Patrick Cohen, le nouveau directeur général d'Axa France.

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