Accueil Actu

Inscription en 1ère secondaire: sa fille n'a pas encore d'école, l'angoisse d'une mère à quelques jours de la rentrée

La procédure d'inscription n'est pas spécialement claire en Fédération Wallonie-Bruxelles: après la remise de la liste des écoles souhaitées et un premier tri, il y a une étape qui s'appelle "réouverture des inscriptions". C'est à ce moment-là qu'une erreur a eu lieu, et elle a ruiné les espoirs d'une famille bruxelloise.

Chaque année, une toute petite partie des parents d'élèves de 6e primaire vivent la même angoisse: celle de ne pas parvenir à inscrire leur enfant dans l'école secondaire de leur choix. Depuis longtemps, en Fédération Wallonie-Bruxelles, certaines écoles réputées (principalement dans la région de Bruxelles et certaines zones du Brabant wallon) ne peuvent plus accepter tous les élèves qui souhaitent s'y inscrire. La demande est plus importante que l'offre dans les zones où la croissance démographique est constante en Belgique (la capitale et une périphérie grandissante). Pour Katia, la frustration est plus importante cette année car elle a cru au miracle. "Mon mari est parvenu à inscrire notre fille dans l'établissement de son choix, mais deux semaines plus tard, l'école nous appelle en disant qu'il y a eu une erreur", nous a-t-elle écrit via le bouton orange Alertez-nous. Que s'est-il passé ?

Une période stressante

Katia et son mari sont assez stressés depuis le 1er février 2021. Leur fille Inaya est en 6e primaire, la procédure d'inscription commence à cette date et la famille habite en région bruxelloise, à Evere. "Ma fille aura 12 ans en septembre, elle a obtenu son CEB avec une moyenne de 92%. Quelle fierté pour nous, parents", se félicite-t-elle. Ses parents cherchent donc à l'inscrire dans "des bonnes écoles" aux alentours et on l'a dit, à Bruxelles, elles sont souvent saturées.

Pour rappel, l'actuelle procédure d'inscription en première secondaire se fait en plusieurs phases entre février et septembre. Si l'école du premier choix de l'enfant est complète, entre mars et avril il est soit inscrit dans les autres écoles mentionnées dans sa liste, soit "classé" dans des listes d'attente (en cas de désistement, l'enfant remonte d'une place dans la liste). Ce classement et la répartition des élèves dans les établissements complets sont établis par la CIRI (Commission Inter-Réseaux des Inscriptions) sur base de critères tels que la localisation du domicile, la distance entre le domicile et l'école primaire, etc (voir les détails sur ce site).

Le stress, l'angoisse commence à augmenter

"En plus de l'établissement de son premier choix, j'en ai mis 3 autres dans la liste. J'étais confiante. Jusqu'à ce que je reçoive ce fameux classement de la CIRI. Je ne peux plus dire exactement à quelle position ma fille était à ce moment-là dans chaque école, car depuis ça a évolué. Mais pour le premier établissement, elle était dans les 170 (il y avait donc 169 élèves qui étaient mieux classés qu'elle pour y obtenir une place, NDLR). Bref... Le stress, l'angoisse commence à augmenter. Même si je ne le montre pas à ma fille, de son côté elle s'inquiète et se demande 'où vais-je donc aller ?' et 'pourquoi moi?' Elle ne comprend pas ce classement, sachant que quasi tous ses camarades ont obtenu une place".

Bref, Inaya n'a aucune place dans les 4 écoles de son choix, elle doit donc attendre qu'une place se désiste.

Un miracle: le mari de Katia était "surexcité"

Le 26 avril débute "la reprise des inscriptions", entre autres pour "les parents des élèves qui n'ont pas obtenu de place après le classement de la CIRI". Cette étape permet aux parents d'inscrire leur enfant dans d'autres écoles que celles mentionnées dans la liste initiale afin de trouver une place directe, sans devoir épier avec angoisse les listes d'attente des écoles des premiers choix qui diminuent lentement…

Katia et son mari décident d'élargir le choix des écoles pour leur fille Inaya. "Nous avons voulu mettre toutes nos chances de notre côté, donc nous avons décidé d'aller l'inscrire dans plusieurs autres établissements, même si elle était en liste d'attente. Le 26 avril, son papa a pris congé pour pouvoir se consacrer aux inscriptions. Il a inscrit notre fille en téléphonant avant et a obtenu pour l'un des établissements un rendez-vous. Je me rappelle qu'on s'était dit, 'on va laisser tomber, c'est mort', mais il y est quand même allé pour vraiment augmenter les chances d'avoir un chouette établissement. Vous n'allez pas me croire ! Il sort de là-bas, surexcité et m'appelle en me disant que notre fille avait obtenu une place ! Il a dû signer les papiers, la secrétaire lui a posé plusieurs questions, notamment dans quel cours elle voudrait être (moral, religion, etc). Elle lui a fait signer aussi un accord, pour les sorties et voyages. Nous avons dû remplir fiche de santé, nous avons reçu la liste du matériel. Et nous savons déjà que notre fille allait en 1ère C. Quelle euphorie pour nous, pour ma fille !"

L'erreur est humaine, mais il y a des papiers signés

"Une erreur" de la secrétaire

Hélas, la joie fut de courte durée. "Deux semaines plus tard, nous recevons un coup de fil de ce même établissement, une deuxième secrétaire nous annonce que sa collègue a fait une erreur, que notre fille n'était pas inscrite, que la secrétaire en question pensait que notre fille était déjà pré-inscrite ou je ne sais quoi...". La déception est immense, les membres de la famille sont "choqués et en colère".

En réalité, l'école est complète, elle aussi, et il y a déjà des élèves sur liste d'attente.

Katia a demandé à rencontrer le directeur. "Ok, l'erreur est humaine, mais il y a des papiers signés. On a demandé à voir le directeur. Son assistante nous a dit qu'elle comprenait notre situation et notre angoisse, mais que malheureusement elle ne pouvait rien faire. Que c'est la CIRI qui fait le classement, que c'est comme ça et que notre fille n'a pas sa place dans l'établissement".

Un recours directement auprès du CIRI, pour essayer de faire passer l'inscription de sa fille dans la catégorie 'cas de force majeure', n'a rien donné. "Nous avons reçu une réponse, disant qu'ils ne pouvaient donner une suite favorable au dossier, que la personne qui s'est occupée des inscriptions s'était trompée et que ça pouvait arriver". Dans ce courrier, la CIRI sous-entend également que Katia et son mari auraient dû se rendre compte que ce n'était pas normal d'obtenir une place si rapidement :

 

L'interminable attente

Pour notre famille d'Evere, c'est retour à la case départ. Inaya est actuellement inscrite dans 5 écoles (2 à Woluwe-Saint-Lambert, 1 à Schaerbeek, 1 à Evere et 1 à Etterbeek). Sa position sur la liste d'attente varie entre la 32e et la 126e place, comme le prouve cette copie d'écran du site du CIRI dédié aux parents :


Katia est une mère stressée et angoissée. "À la fin du courrier, la CIRI nous propose d'aller consulter la liste des établissements ayant encore de la place... Voilà leur solution... Depuis ce jour , je ne fais que regarder sur le site l'évolution du classement, ma fille me le demande aussi... Les établissements ayant de la disponibilité ne sont pas adaptés pour ma fille, ils sont tous à avenir professionnel, ou alors ils sont trop loin. Ma fille a beaucoup de talent, et est douée. Je veux le meilleur pour elle, comme tous les parents pour leurs enfants! Je veux que ma fille soit épanouie, qu'elle ait avec envie à l'école, qu'elle sente qu'elle apprend chaque jour, qu'elle évolue ! Et non un décrochage scolaire !"

Il manque à nouveau des places à Bruxelles

Actuellement, il y a 491 élèves qui, comme Inaya, attendent qu'une place se libère, a rapporté hier le journal Le Soir. C'est en Région bruxelloise que la situation demeure la plus problématique, avec 327 jeunes à ne pas être inscrits (contre 341 à la même période l'année précédente). Le Brabant wallon n'est pas en reste avec 47 élèves sur liste d'attente (ils étaient 22 en août 2020). Les quatre autres provinces dénombrent 52 enfants sans établissement (contre 69).

Pour la première fois, la Région bruxelloise a dû faire face à un déficit de 416 places au terme de la première période d'inscription. Habituellement, le nombre d'élèves sur liste d'attente ne dépasse pas le nombre de places disponibles. 

Depuis 2010 pourtant, la Fédération poursuit un programme de création de places supplémentaires moyennant une enveloppe de 20 millions d'euros par an. De quoi permettre en septembre prochain l'ouverture de trois nouvelles écoles ou extensions d'écoles à Bruxelles afin de pallier le boom démographique. Mais d'une année à l'autre, il n'est pas aisé de prévoir avec précision le nombre d'inscriptions en secondaire. Bruxelles semble souffrir plus vite que prévu de son attractivité et, parallèlement, les écoles ont revu leur nombre de places à la baisse.

À lire aussi

Sélectionné pour vous