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Sébastien et 4 amis belges ont réussi leur pari fou: ils ont parcouru les 171 kilomètres de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc

Ils étaient partis pour 20 à 46 heures d'effort extrême sous le sommet de l'Europe. Les coureurs de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc, épreuve mythique et reine des courses à pied en montagne, s'est élancée à Chamonix vendredi dernier. Parmi les participants, 5 Belges qui ont vécu des émotions fortes lors de cette course folle de 171 kilomètres. Après avoir réussi cet énorme défi, Sébastien nous a raconté cette aventure unique.

L'élite mondiale de la discipline de l'Ultra-Trail, acclamée par des centaines de personnes, avait quitté vendredi dernier le centre de la capitale de l'alpinisme devenue coeur battant du trail pour une course folle de 171 kilomètres et 10.000 mètres de dénivelé.

Au total, environ 2.300 coureurs de 92 nationalités ont participé à l'épreuve reine de l'UTMB (Ultra-Trail du Mont-Blanc), dont une immense majorité d'amateurs qui visaient un objectif: terminer en moins de... 46h30 (la durée maximum à ne pas franchir).

Après une édition 2020 annulée en raison du Covid-19, le retour de cette course a fait le bonheur des coureurs et touristes, amassés au plus près dans les cols de montagne.

Parmi les participants dans cette courses, 5 Belges, amis dans la vie, avaient décidé en 2018 de se préparer pour cette épreuve de l'extrême. Sébastien, un architecte de formation qui vit à Bruxelles, nous a raconté leur aventure, de la préparation jusqu'au franchissement de la ligne d'arrivée.

"J’ai toujours aimé la montagne et j’y ai fait de nombreuses balades. J’ai rencontré pendant mes études une bande potes avec qui j’ai fait de la montagne aussi, mais à cette époque-là, l’objectif était juste de marcher pour le plaisir et d’arriver au sommet", nous dit-il. "Un de mes bons amis montagnard a fait le UTMB en 2014, ce qui avait déjà planté une petite graine. Un autre l’a aussi fait en 2017 et ce charmant garçon qui s’appelle aussi Sébastien a motivé sa bande de potes pour le faire en groupe. Un jour, il nous a dit qu’on serait tous capables de le faire qu’on allait le faire ensemble. Il a lancé l’idée en 2018. On s’est alors retrouvé avec un groupe de 5 amis..."

Il faut s'habituer à avoir mal

Pour mettre toutes les chances de leur côté afin d'arriver au bout de cet ultra-trail, une préparation de deux années a été nécessaire.

"Tout ce que j’avais fait avant c’était les 20km de Bruxelles. On s’est fait un programme d’entraînement et de compétitions pour obtenir des points qui ont permis d’obtenir notre qualification, pour pouvoir participer à l’UTMB. On a commencé par les 55 km des Crêtes de Spa, puis on a fait des courses de plus en plus longues. On a terminé par l’Ardennes Mega Trail, une course assez exigeante, le bord de la Semois. On a eu ainsi nos points", précise-t-il.

"Notre préparation a duré 2 ans. La première année, on court pour collecter les points. La deuxième année, on se maintient en forme pour pouvoir y participer. Il y a eu un vrai travail de fond à faire sur la condition physique et la capacité mentale. Il faut s’habituer à des efforts très longs, à avoir mal."

Un mélange entre excitation, stress et adrénaline

Depuis le début de l'été, il est rapidement devenu "compliqué" pour Sébastien et ses amis de penser à autre chose qu'à cet événement. "Car on préparait ça depuis longtemps. Comme on le faisait en groupe, on a beaucoup échangé sur le sujet, sur les équipements, les entraînements, la nourriture, le sommeil, tous les détails pour les derniers jours... Une semaine avant la course c’était un mélange entre excitation, du stress, de l’adrénaline, … C’était plus compliqué de dormir. On attendait ce moment depuis longtemps." 

Sébastien est arrivé le mercredi 25 août à Chamonix où était donné le départ. Deux jours plus tard, en raison du Covid-19, seuls les meilleurs coureurs pros et amateurs ont pris le départ à 17h00, deux autres vagues devant ensuite prendre le départ à 17h30 puis à 18h00.

L'heure limite pour franchir la ligne d'arrivée était fixée à 16h30 le dimanche à Chamonix. La plupart des coureurs ont ainsi passé deux nuits en montagne, seuls avec leurs jambes et leur mental pour tenter de venir à bout de l'une des courses à pied les plus difficiles du monde.

Une ambiance de fou au départ

"Le départ un énorme troupeau puisqu’il y avait 2300 participants. A cause de la crise sanitaire, il y avait 3 poules de départ, qui était constituées en fonction du niveau des coureurs. J’étais dans le dernier groupe avec 3 amis, les deux autres étaient dans des groupes plus compétitifs", indique Sébastien.

Et de poursuivre: "Il y avait une ambiance de fou au départ. Les gens applaudissent tout le monde, pas uniquement les champions. C’est incroyable l’énergie que ça donne. Cela vous donne le boost de départ. Les premiers kilomètres sont censés se dérouler assez facilement. Je me sentais assez bien. Les sensations étaient assez bonnes dans le début de la course. C’était très positif."

Vendredi soir aux Contamines-Montjoie, cinq heures après le début de la course, les premières assistances étaient déjà portées sous une grande tente. Des compagnes massaient les jambes endolories, des coureurs tentaient une micro-sieste, alors que d'autres dévoraient du riz blanc.

Sébastien a nous décrit ce qu'il a vécu lors des premiers kilomètres. 

"Ce qui était incroyable, c’est que dès le 1er ravitaillement, il y avait déjà des abandons après une vingtaine de kilomètres sur une course de 170. Cela devait être vraiment dur. De mon côté, j’étais par moment crispé car j’espérais être dans les temps. Mais on ne sait pas aller beaucoup plus vite car on doit garder du jus pour tenir tout le long du périple", raconte-t-il.

C'est dans le Col de la Seigne (à la frontière entre la France et l’Italie), qu'il a vécu les premiers moments difficiles. "Cette montée a fait mal au moral et physiquement. Elle était très longue et nous a réservé des surprises permanentes. On pense souvent qu’on est arrivé au sommet, mais il était plus loin. On avait déjà repéré ce terrain, mais ce n’est pas facile de tout retenir."

Une fois cette partie du voyage derrière lui, il a pu profiter notamment d'un "super levé de soleil sur toute la vallée de Courmayeur (en Italie), le long du mont blanc. On s’est réchauffé un peu, le moral est remonté aussi après une nuit durant laquelle il a fait plus froid. On n’avait pas énormément de marge sur la barrière horaire, qu’on ne pouvait pas dépasser, sinon on allait être éliminés. C’était vraiment le défi de ne pas se faire éliminer."

Pour tenir le coup durant cet effort extrême, Sébastien et ses amis ont profité des ravitaillements pour reprendre un maximum de forces. 

"On a pu se changer, prendre une douche et se faire soigner. Un des ravitaillements était tenu par des membres de l’association PAGALA. On avait des dossards solidaires. On courait donc pour l’ASBL qui promeut la rénovation et la construction d’écoles au Togo. On a été choyé à ce moment-là. C’était un moment clé après la mi-course car j’avais froid et on annonçait un vent de 60 km/h. On a fait une mini sieste de 10 minutes avant de repartir reboostés. On a fait la montée suivante à un rythme gentil sans problème. On a eu du vent et de la grêle, mais ce n’était pas plus perturbant que ça."

C’est fou la joie et la force que ça procure

D'autres moments forts ont permis aux 5 Belges de faire le plein d'énergie, notamment quand ils ont pu retrouver leurs compagnes sur le long du parcours.  

"On a à un moment donné compté jusqu’à 2h d’avance sur la barrière horaire. J’ai fait appel une fois à un kiné au 112e km. J’ai dû soigner une cloche au pied et j’ai refait une sieste de 10 minutes. Je dois dire que je n’ai pas souffert du manque de sommeil."

Pour Sébastien, arriver au sommet de la montée à la "Tête au vent" (860 mètres de dénivelé) a été un énorme soulagement. "C’était la dernière grosse montée. On sait qu’après, il n’y a pas de risque de rater la course. On était heureux, on y croyait fort, et on avait la banane. Il faisait super beau. On a eu de la chance avec la météo, c’était incroyable. Quand on est arrivé là haut, il y a une longue traversée à faire vers Chamonix."

Il décrit ensuite l'arrivée et ses émotions après avoir réussi cet incroyable défi. "Il y avait une ambiance de fou. On est arrivé vers 15h30 ce dimanche. La barrière horaire était fixée à 16h30. Il y a un kilomètre d’arrivée avec des gens qui vous applaudissent. Nos enfants et nos épouses étaient à l’arrivée et on a retrouvé nos 2 amis qui étaient devant (ils sont arrivés à 9h30). A l’arrivée, on était vraiment heureux. C’est fou la joie et la force que ça procure d’arriver au bout d’une aventure comme celle-là. C’était une émotion très forte et profonde."

Ce lundi matin, Sébastien, aux anges après cette aventure unique, se sentait "bien physiquement" et dit avoir déjà fait quelques recherches pour se lancer un nouveau challenge prochainement. 

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