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Alizé craint un empoisonnement de son chien par de la mort-aux-rats à Forest: "La dératisation représente-t-elle un danger?"

La dératisation dans l’espace public inquiète Alizé. Dans le parc Duden à Forest, elle est tombée sur des panneaux qui informent les citoyens de cette opération. Il y a de nombreux rats actuellement. Elle s’inquiète pour son chien, mais aussi pour les autres animaux et les enfants. Est-ce un réel danger ou ces opérations sont-elles totalement sécurisées ?

Alizé, une habitante de Forest, a contacté notre rédaction afin de partager ses craintes après avoir vu un panneau qui a annoncé une campagne de dératisation dans le parc Duden fin octobre.

Comme d'autres communes en Belgique, Forest se soucie de la prolifération des rats. Elle a ainsi lancé cette opération et l'a confiée à l'entreprise Animals Pest Control. Elle a informé les promeneurs via un panneau préventif qui avertit de la présence de mort-aux-rats, dans la zone verte de 24 hectares.

Alizé, qui se promène régulièrement dans ce parc, dit avoir "peur" que Gus, son chien, entre en contact avec un produit rodenticide. "Mon chien est vraiment très petit et s'il trouve quelque chose, il faut que j'ai le temps de réagir. Je le lâche de temps en temps, mais maintenant que j'ai vu ce panneau, il y a des coins que je vais éviter. Bizarrement, Gus évite aussi les panneaux. Est-ce que c'est un pur hasard ou est-ce qu'il sent une certaine odeur...?"  

Et de poursuivre: "J'ai des craintes aussi pour les enfants qui pourraient aller jouer près de cette zone de dératisation. Il y a aussi d'autres animaux qui y vivent, comme des écureuils roux. N'y a-t-il pas un impact aussi pour eux? Sont-ils en danger? Sous quelles conditions cette dératisation est-elle faite?", s'interroge-t-elle.

La Forestoise se pose également des questions sur cette campagne menée contre les rats. "Faut-il en arriver là? Ils ont aussi droit à leur place dans la nature. Pourquoi on vient bafouer leurs droits, ils n'ont rien demandé. On prend leur place et on les chasse après. Je trouve ça un peu dur comme processus."


 
 
"Gus", le chien d'Alizé

 La majorité des accidents sont domestiques

Régine Pire, pharmacienne de permanence au Centre Antipoison, tient à rassurer l'habitante de Forest. Les dispositifs installés lors des campagnes de dératisation doivent suivre une réglementation européenne (cliquez ici pour en savoir plus sur ce règlement). "On y retrouve les différents type de rodenticide qui peuvent être utilisés et où ils peuvent être mis pour assurer la sécurité."

Dans la majorité des cas, les produits sont placés dans des boîtes en plastique ou en métal, quand elles sont disposées dans des lieux publics. "Si le travail est bien fait et qu’on ne va pas autour des boîtes, effectivement, cela a l’air d’être sécurisé. Sur la boîte, on retrouve le nom de la société qui a procédé à l’installation, le nom de la substance et les numéros de téléphone de la société et du centre antipoison."

Le centre antipoison reçoit malgré tout encore "pas mal" d'appels. En 2020, sur 850 appels concernant les rodenticides, 500 concernaient les animaux et les chiens principalement. Toutefois, seuls 3 cas d'empoisonnements dans l’espace public ont été recensés l'année dernière.

"Concernant les appels, la majorité des accidents sont domestiques. Il arrive aussi que des propriétaires ont mis des rodenticides chez eux et que leurs chiens ont été les manger. On n’a pas que des appels pour des accidents à l’extérieur du domicile. Je pense donc que le problème est relativement circonscrit."

Régine Pire précise que généralement un tiers des accidents ont lieu dans les lieux publics. "Dans des immeubles et lieux en commun comme des garages, mais ça peut être dans des parcs. A mon avis, les boîtes peuvent être abimées par certains animaux qui peuvent mordre dedans ou par des enfants qui peuvent jouer autour. C’est fermé à clé mais ça n’est pas inviolable ou incassable. Au bout d’un certain temps, des boîtes peuvent être abimées. Mais je pense que tout est mis en place en général pour que ça n’arrive pas."

Les sociétés qui les installent ont en tout cas une obligation d'envoyer un technicien tous les 35 jours pour vérifier que l'état de l'installation. 

La pharmacienne Régine Pire livre par ailleurs quelques conseils pour les personnes dont les animaux domestiques ou enfants auraient ingurgité le raticide.  

"Il faut avoir à sa connaissance le nom du produit ainsi que la quantité du produit qui aura été plus ou moins ingérée. Le poids de l’animal est important ainsi que le moment où ça a eu lieu. A partir de là, on arrive à savoir quelles sont les démarches à effectuer et s’il est nécessaire d’aller chez le vétérinaire ou pas et si pas, ce qu’il y a lieu de faire avec l’animal. Il faut appeler au plus vite.

Il y a deux rodenticides différents. "L’alphachloralose dont les effets peuvent déjà apparaître au bout de 15 minutes et puis majoritairement, une à deux heures après l’ingestion. Pour la majorité des autres produits, les anticoagulants, on a plus de temps car les symptômes arrivent 2 à 3 jours plus tard. Si tout le monde respecte les règles, il n’y a pas lieu d’être inquiet."

Comment les boîtes sont-elles installées?

Pour expliquer concrètement comment les boîtes contenant ces rodenticides ont été placées dans le parc Duden, nous sommes allés à la rencontre de Romain Leroy, le gérant de la société Animals Pest Control.

Il explique qu'il existe 2 modèles de boîtes (voir photos ci-dessous) à installer dans le parc: "Le modèle principal, c’est le modèle noir, plus robuste. On met parfois le vert dans des parcs plus petits. Il se cache plus facilement. Dans le parc Duden, comme c’est plus important, on met donc un plus gros boîtier."


 
 
Romain Leroy détaille tout le processus: 

"Quand les boitiers sont vides, on doit les réappâter. Il y a une clé spécifique pour les ouvrir. Pour les grands boitiers, il y a une tige en fer qu’on doit clipser. On met deux blocs de rodenticides. Tout se clipse comme ça la barre ne peut pas sauter. C’est ce qui offre de la sécurité. Il y a un chemin dans la boîte dans lequel le rat doit se rendre pour aller manger.

Les enfants et les chiens ne peuvent par exemple par atteindre le poison. "Un enfant qui a une petite main pourra la rentrer dans le boîtier, mais il n’aura pas accès au produit. C’est sécurisé pour les enfants et les chiens. Même un chihuahua, qui est un petit modèle, ne pourra pas rentrer dedans. Dans la boîte verte, c’est un peu plus petit. Il y a aussi une petite tige pour attacher convenablement le rodenticide."

Il faut s'acharner dessus pour la casser

Comment cette entreprise choisit-elle les endroits où elle installe les boîtes? "Souvent, on fait les emplacements en fonction des zones à problème. La plupart du temps, on est accompagnés par un ouvrier communal ou un ouvrier de Bruxelles Environnement. Ils nous donnent parfois quelques zones précises parce que les bois sont parfois tellement vastes", indique le gérant de la société Animals Pest Control.

"A Forest, le technicien a carrément fixé le boîtier. Un gros coup de vent ne pourrait pas le faire bouger. Après, si quelqu’un veut vraiment l’emporter, il y a toujours moyen de le faire. On les fixe surtout pour le vent et les enfants. C’est sécurisé, mais il ne faut pas non plus laisser un enfant ou un chien chipoter pendant une heure sans surveillance", conclut Romain Leroy.


 
 
 

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