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"Les souris dînent avec nous": des policiers dénoncent leurs conditions de travail au Palais de justice de Bruxelles

Des policiers qui travaillent au Palais de justice de Bruxelles dénoncent leurs conditions de travail. Comme nous vous le relations le 29 octobre dernier, des agents fédéraux se sont mis en grève. Ce jour-là, trois quarts des 150 agents de police affectés à la sécurité du Palais de justice de Bruxelles se sont déclarés malades ou se sont croisé les bras, en signe de protestation. 

Au-delà des revendications salariales, les agents, attachés à la DAB (direction de la sécurisation) ont, par cette grève du zèle, voulu dénoncer l'insalubrité de leurs locaux, situés au deuxième étage sous le Palais de justice de Bruxelles.

Certains d'entre eux nous ont décrit concrètement ce qu'ils observent quotidiennement, des couloirs du Palais de Justice jusqu'à leurs vestiaires.

"C'est catastrophique ici. Quand il pleut, tout est inondé, même nos vestiaires. On est mal lotis, on n'a vraiment rien du tout", nous disent des agents. "Il y a de l'humidité, des souris qui viennent près de nous pendant qu'on mange. On a retrouvé des crottes de rongeur dans la machine à café, qui est maintenant à l'arrêt. C'est vraiment n'importe quoi."

Ils ajoutent: "Là où les détenus sont placés, il y a de l'eau et de la pluie qui tombe. Certains couloirs ne sont pas nettoyés depuis des années."

 

 Les gouttières ont débordé, les égouts sont remontés

Anthony Turra, secrétaire permanent police du syndicat CSC, nous a expliqué ce que ressentent en ce moment les policiers sur place : "Les policiers se retrouvent dans une infrastructure vieillissante qui n’est pas prévue pour accueillir autant de monde dans de bonnes conditions de travail. Cela génère pas mal de soucis journaliers tant en terme de confort, que d’usage. Ce qui fait que les membres du personnel ne s’y sentent pas spécialement bien."
 

Des quantités importantes d'eau se sont répandues dans le Palais de Justice au cours des dernières années, notamment au mois de juin (voir vidéo). Le sous-sol où travaillent les policiers n'a pas été épargné. "Récemment, il y a eu de grosses inondations suite à de fortes pluies. Les gouttières ont débordé, les égouts sont remontés" dit Anthony Turra.

La promesse entre ce qui est vendu à l’engagement et la réalité...

Face à cette situation qui perdure depuis plusieurs mois, les membres du personnel expriment surtout un sentiment de frustration plus que de colère. D'autant que la mise aux normes du bâtiment ne devrait pas intervenir à court terme. "Les membres du personnel sont à bout. Ils en ont assez. Ils aimeraient bien du changement rapide. Ce sont des choses sur lesquelles on travaille. Ces gens-là sont rentrés dans une institution en ayant une haute opinion du travail qu’ils exercent. Travailler dans des conditions aussi difficiles, ne correspond pas à l’image qu’ils se faisaient de la profession" affirme Anthony Turra. Selon son syndicat, le taux d'absentéisme est plus important ces dernières semaines.

"Avec des conditions de travail défavorables, il y a plus de chance qu’un taux d’absentéisme soit plus élevé. Les autorités ont pris la mesure du problème. Ce que nous espérons, c’est que le dossier continue d’avancer. Qu’on nous propose des plans d’action et que des investissements soient réalisés. On est convaincu que les choses ne changeront pas du jour au lendemain", dit le syndicaliste.
 
  

 

Une grosse attention portée sur l'humidité

Dans les prochaines semaines, les policiers peuvent s'attendre à quelques aménagements. Les autorités disent avoir entendu leurs revendications. Si les forces de l'ordre ne seront pas à court terme déplacées dans d'autres locaux, des travaux devraient être réalisés pour quelque peu améliorer leur quotidien.

Le secrétaire d'Etat Mathieu Michel, en charge de la Régie des Bâtiments, qui a assisté à la grève du 29 octobre dernier, s'est exprimé sur l'insalubrité des lieux : "Les conditions dans lesquelles sont hébergés les policiers ne sont pas optimales. Les locaux dans lesquels ils ont été affectés sont effectivement dépourvus de pas mal de confort, de lumière notamment", reconnaît-il.

Bientôt des travaux?

Mathieu Michel annonce ainsi des travaux au deuxième étage sous le Palais de justice, ainsi qu'une réflexion portée sur l'endroit où ces policiers doivent exercer leur profession.  

"D'ici la fin de l'année il y aura une grosse attention portée sur l'humidité et la perméabilité de certains murs. Des dossiers sont en cours. On attend les autorisations pour avancer. Mais même avec ces travaux l'emplacement de la DAB dans les sous-sols du Palais de Justice n'est pas optimale. Cela mérite une vraie réflexion, car ce travail devrait être réalisé dans des conditions plus agréables."

Et de conclure: "Le bâtiment n'a plus subi de rénovation lourde depuis des années. Il faut voir comment le parcours des détenus peut s'effectuer. Nous travaillons sur une solution à plus long terme avec un cahier des charges qui devrait permettre d'analyse le fonctionnement du Palais de Justice, y compris le processus d'arrivée des détenus dont les policiers s'occupent. On pourrait imaginer des locaux bien plus adaptés à leur travail".

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