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Après l'épidémie et les tests Covid, le PDG d'Eurofins veut revenir à l'innovation

Maladies génétiques, qualité de l'air et, plus récemment, le Covid-19: Gilles Martin, le PDG d'Eurofins, a créé un géant du diagnostic, qui s'est imposé comme un acteur important dans la lutte contre la pandémie du coronavirus.

Le dirigeant de ce mastodonte, qu'il a fondé à Nantes en 1987 et qui emploie désormais 55.000 personnes, a été amené avec ses équipes à réaliser des millions de tests PCR depuis l'émergence du Covid-19. En pleine cinquième vague, il déplore un retard à l'allumage dans les stratégies mises en place à l'international.

"À partir du moment où un nouveau virus émergeait en Chine, la seule solution pour éviter ou ralentir la première vague était de tester massivement", assure-t-il. "Malheureusement, les agences aux États-Unis et dans plusieurs pays en Europe ont voulu trop centraliser l'autorisation des tests. Dès le début de la pandémie, nous avions fait nos propres tests, mais certains gouvernements ne nous autorisaient pas à les utiliser", raconte le dirigeant lors d'un entretien accordé à l'AFP dans les bureaux bruxellois de la société.

Encore aujourd'hui, la situation varie, regrette le patron de 58 ans, tandis qu'en France les files d'attente s'allongent devant les pharmacies.

"Aux États-Unis, vous pouvez commander des tests PCR en ligne, tester quelqu'un de la famille qui a des symptômes et avoir les résultats dès le lendemain", souligne-t-il.

- La révolution des biotechnologies -

"Si on laisse les gens faire les prélèvements pour les tests PCR eux-mêmes, vous aurez peut-être 3 ou 5% d'entre eux qui vont mal les réaliser. Mais si 95% d'entre eux les effectuent bien et que cela permet de tripler la capacité de dépistage avec des tests PCR très sensibles, c'est beaucoup mieux que d'utiliser des tests antigéniques rapides qui manquent 50% des cas asymptomatiques", juge-t-il.

Le Covid-19 - via les tests ou les services fournis aux biotechs engagées dans les traitements ou les vaccins - a rapporté plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires à la société en 2021. Effet accélérateur? Eurofins a intégré cet automne le cercle fermé du CAC 40 à la Bourse de Paris.

Pour autant, Gilles Martin dit avoir hâte de revenir à ce qui le fait vibrer. "On a généré du chiffre d'affaires mais c'est transitoire", déclare le chef d'entreprise. "Notre cœur de métier, c'est innover."

Car une révolution a commencé dans les sciences de la vie, explique Gilles Martin, qui a créé ses premières start-up durant ses études à l'école d'ingénieurs Centrale.

"Les biotechnologies vont changer la seconde moitié du XXIe siècle: on ne vivra pas de la même manière, on ne produira pas nos aliments de la même manière, on ne se reproduira pas de la même manière", prédit-il.

- "Elles peuvent le faire" -

Eurofins est présent dans plusieurs domaines, dont les analyses pour l'agroalimentaire. C'est d'ailleurs là que la société a démarré, puisque Gilles Martin a débuté en développant un procédé de détection du sucre dans le vin mis au point par ses parents, tous deux chercheurs.

Quelques décennies plus tard, le chiffre d'affaires de l'entreprise a dépassé les 5 milliards d'euros (en 2020).

"C'est le signe que les entreprises françaises peuvent le faire", estime Gilles Martin, alors que de nombreuses voix se sont élevées pour critiquer le manque de financements en France, et l'échec de la recherche hexagonale à développer un vaccin.

L'entrepreneur a toutefois installé le siège social de sa société au Luxembourg il y a quelques années, se défendant de raisons fiscales: "On paie nos impôts dans les pays où l'on opère. Nous sommes avant tout un groupe international."

Eurofins a toujours une forte implantation à Nantes, où le groupe emploie plus d'un millier de salariés.

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