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Pendant la crise de la vache folle, Cécilia vivait en Angleterre, elle ne peut donc pas donner son sang: "C'était y'a perpète-lès-oies!", s'offusque-t-elle

Ce mardi, c'est la journée mondiale du donneur de sang. Mais il existe des exceptions. On a déjà parlé des homosexuels, mais une autre catégorie de personnes, très limitée on le suppose, est également exclue des centres de dons. Via le bouton orange Alertez-nous, Cécilia, une habitante d'Auderghem, nous explique ne pas pouvoir donner son sang car... elle se trouvait en Angleterre lors de la crise de la vache folle. Cette cinquantenaire regrette que les conditions pour devenir donneur ne soient pas revues, malgré les stocks souvent critiques.

Cécilia habite Auderghem. C'est donc naturellement qu'elle se rend au centre de la Croix-Rouge d'Auderghem. À 58 ans, cette donneuse universelle souhaite aider à remplir les stocks de sang de la Croix-Rouge. Car elle est bien consciente que donner du sang signifie sauver des vies.

Comme le veut la procédure, elle remplit le questionnaire distribué à chaque personne qui souhaite donner son sang. Le but étant de déterminer, via quelques questions brèves, si toutes les conditions sont remplies avant de prélever du sang. Une question l'interpelle. On lui demande si elle a séjourné en Angleterre entre 1980 et 1996. Elle répond positivement. "Je réponds 'Oui' puisque j'y ai vécu entre 1995 et 1997", nous raconte-t-elle. Et là, c'est la désillusion. "On me répond que je ne peux pas donner mon sang, car c'était l'époque de la vache folle", rapporte Cécilia. 

Je ne sais pas quel est le rapport

Face à une telle explication, la Bruxelloise peine à comprendre. "C'était y'a perpète-lès-oies. Comment ça se fait qu'en Angleterre, on donne du sang et qu'ils sont tous encore vivants. Il y a vraiment un problème, ce n'est pas normal", estime-t-elle. Depuis trois ans, Cécilia fait face aux mêmes refus. Si elle nous contacte via le bouton orange Alertez-nous, c'est pour comprendre les raisons de cette restriction. "Je ne sais pas quel est le rapport, mais il y avait une question de contamination due à l'époque de la vache folle", lâche-t-elle. 

Comment expliquer de telles limitations ? Un bref rappel sur la maladie dite de la "vache folle" s'impose. Cette dernière porte le nom scientifique d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). Apparue au Royaume-Uni dans les années 80, l'ESB s'était étendue à de nombreux pays en Europe et dans le monde à cause de l'utilisation de farines animales contaminées. Soupçonnée d'être à l'origine du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) chez l'homme, elle avait suscité l'inquiétude des consommateurs et fait chuter les achats de viande.

Impossible à détecter via une prise de sang

La MJC est rare et caractérisée par une dégénérescence rapide et fatale du système nerveux central. Elle peut être d'origine sporadique (qui survient de manière aléatoire), la forme la plus fréquente, d'origine génétique ou enfin infectieuse suite à une contamination.

Pour comprendre pourquoi des personnes séjournant au Royaume-Uni durant cette crise sont exclues des dons de sang, nous nous tournons vers la Croix-Rouge, l'organisme qui prend en charge les transfusions sanguines dans notre pays. Dr Andrée-Marie Chatillon, responsable de Hémovigilance au service francophone du sang, nous confirme que ne peuvent donner leur sang les personnes qui ont séjourné durant 6 mois cumulés au Royaume-Uni et/ou en Irlande du Nord entre 1980 et 1996. Le but étant de protéger la population d'une éventuelle contamination par transfusion. 

Car concrètement, la transmission de la maladie de Creutzfeldt Jakob sporadique par transfusion n'a pas été prouvée. Mais plusieurs cas probables de transmission de la MCJ par administration de concentrés de globules rouges ont été recensés au Royaume-Uni. De plus, sur le plan biologique, il est impossible de repérer la maladie via une simple prise de sang. Enfin, la durée de l'incubation, période silencieuse sans symptôme, est particulièrement longue pour cette maladie. Elle peut atteindre jusqu'à 40 ans, nous indique Dr Andrée-Marie Chatillon. En raison de ces différents facteurs, la Belgique, tout comme d'autres pays européens, a décidé d'exclure ce public des donneurs de sang possibles. La Croix-Rouge nous confie avoir quelques demandes allant dans ce sens même si ces dernières ne sont pas fréquentes. 

De son côté, le Royaume-Uni autorise les dons du sang pour cette catégorie de personnes. "S'il ne le faisait pas, il n'y aurait tout simplement pas assez de dons pour fournir des soins médicaux aux personnes dans le besoin. C'est une équation risque/bénéfice que la nation a dû évaluer", précise le gouvernement australien sur son site internet. Cécilia et son mari ont d'ailleurs l'habitude de donner leur sang lorsqu'ils s'y rendent en vacances. La Belgique pourrait-elle également revoir sa copie dans les années à venir ? "Pourquoi pas si par exemple, une méthode de diagnostic de la contamination était possible, par une simple prise de sang, ce qui n’est pas encore possible actuellement", nous indique Dr Andrée-Marie Chatillon. 

Actuellement, les stocks de sang sont bons tant au niveau national qu’au Service Francophone du Sang. L'organisme espère néanmoins pouvoir constituer un stock plus important en prévision des vacances estivales. Une campagne de sensibilisation est en cours que la Croix-Rouge manque de plasma sanguin. À noter que depuis mars 2022, une nouvelle règle régit le don de plasma. Il n'est plus nécessaire de faire un premier don de sang avant de pouvoir donner son plasma. 

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