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NewB, la banque belge d'un nouveau genre, pourrait-elle déjà perdre sa licence bancaire ?

Bruno Wattenbergh, notre spécialiste en économie, revient sur les difficultés de NewB ce matin. Cette néobanque coopérative belge met en avant l’éthique et la durabilité et elle ne parvient pas à décoller. Il décrypte pour nous les raisons de ces difficultés.

NewB, la néobanque coopérative belge éthique et durable ne parvient pas à décoller ?

Non en effet. Malgré 120.000 coopérateurs et plusieurs acteurs importants du milieu associatif, NewB doit trouver dans les 3 mois 40 millions d'€ pour renforcer ses fonds propres mais aussi 100.000 clients. A ce prix-là, NewB pourrait atteindre l’équilibre financier. Sinon, cela signifiera la perte de la licence bancaire.

Pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas ?

C’est là que cela devient instructif. Si 120.000 coopérateurs ont acheté une part de la coopérative pour un total de 35 millions d’€, seuls 15% d’entre eux seulement ont décidé de devenir clients de NewB, c'est-à-dire d’ouvrir un compte, de migrer leur épargne, voire d’emprunter. Résultat, les chiffres de la banque sont mauvais et les coopérateurs se posent des questions. Légitimes car en cas de défaillance, si les épargnants seraient remboursés, cela ne serait le cas pour ces coopérateurs.

Concernant les produits bancaires proposés, la gamme est fort limitée et NewB se refuse de faire du volume sur des produits à forte marge. Enfin, concernant les produits d’assurance, en partenariat avec un assureur français, ils ne décollent pas non plus, par manque d’agressivité commerciale.

NewB ne serait pas assez différent des banques classiques ?

Sur son organisation certainement. Sur ses valeurs également. Sur ses produits, pas vraiment … Il a fallu une décennie pour lancer NewB. Une décennie au cours de laquelle le monde bancaire a lui aussi évolué et a proposé des produits plus éthiques, plus respectueux de l’humain et de l’environnement.

Quelles leçons tirer de cette expérience ?

Je pense qu’il y en a plusieurs.

La première c’est qu’il est souvent facile de critiquer le tissu économique existant … souvenez-vous que les banques en 2011, c’était le diable habillé en costume trois pièces. Chaque jour les médias font l’apologie de telle ou telle startup ou association plus écologique, plus solidaire, pas capitaliste, etc ; mais il y a ce qu’on appelle un biais de sélection. Peu de ces initiatives atteignent la taille critique que pour avoir un réel impact économique, sociétal ou au niveau de l’emploi … ou simplement au niveau des taxes payées pour contribuer à la solidarité. Ce que les entreprises du marché parviennent à faire.

La seconde, c’est qu’in fine, n’en déplaise à beaucoup de rêveurs, le marché finit toujours par avoir raison. Et le marché, même parmi les coopérateurs, désavoue pour l’instant NewB. NewB avait mis en avant une volonté respectable de salaires raisonnables, mais dans le même temps peine à recruter, ce qui est aussi un désaveu du marché. Enfin, cela démontre que l’entrepreneuriat est et reste quelque chose de difficile et que les clients ont toujours raison.

Entendons-nous bien, j’espère sincèrement que NewB va réussir. Je l’espère, pour les coopérateurs. Et je les engage à devenir client. Quel que soit le résultat, c’est un rappel du respect que nous devons avoir pour celles et ceux qui entreprennent, qu’ils réussissent ou qu’ils ratent d’ailleurs. Arrêtons aussi d’opposer les citoyens comme les entreprises. Qu’elles soient grandes ou petites, ce qui est important c’est que ces entreprises s’engagent résolument dans la transition ...

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