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XV de France: Virimi Vakatawa et l'équation de sept à quinze

Avant de devenir incontournable avec le XV de France, le centre Virimi Vakatawa a été l'un des meilleurs septistes de la planète, expérience qui lui a offert une "bulle d'oxygène", selon l'ex-sélectionneur de l'équipe de France de rugby à VII Frédéric Pomarel, interrogé par l'AFP.

. "Deal" réussi avec le Racing 92

Quand Vakatawa accepte de relever le défi du rugby à sept en 2014, sa carrière à XV patine. "Il revenait de blessure et n'était pas forcément complètement intégré dans le projet de jeu du Racing 92", se souvient Pomarel. Avec Jean-Claude Skrela, alors manager de l'équipe de France à sept, l'ancien sélectionneur conclut un "deal" avec les entraîneurs du club francilien, Laurent Travers et Laurent Labit, aujourd'hui chargé des trois-quarts du XV de France. "C'était la première fois que l'on bâtissait un plan ensemble. A cette époque, quand je prenais un quinziste, j'étais considéré comme un pilleur par les clubs", raconte Pomarel.

"Les deux Laurent avaient vraiment placé Virimi au centre du projet. Le deal s'est révélé être encore mieux que ce que l'on imaginait", ajoute-t-il. Car Vakatawa, alors sous contrat fédéral, va devenir "l'un des meilleurs joueurs à VII", se révélant lors du circuit mondial et participant aux JO-2016 à Rio (France 7e).

. Liberté

Si le rugby à VII ne lui a "rien appris sur le plan technique", il lui a surtout offert "une bulle d'oxygène" et lui a "redonné confiance", selon Pomarel. Le jeu "plus libre" à VII avec "moins de tactique" et "une plus grande importance accordée aux qualités athlétiques" lui a permis de mettre en avant ses qualités naturelles.

"Il avait déjà des qualités athlétiques énormes sauf sur la VMA (vitesse maximale aérobie) que nous lui avons fait travailler", souligne celui qui est aujourd'hui directeur technique de la Ligue outre-mer. Sur le plan défensif, "c'était un plaqueur féroce" avec toutefois "des lacunes dans le positionnement". "Il avait besoin de mûrir là-dessus" mais a "beaucoup travaillé" pour s'améliorer. "Il gagnait beaucoup plus d'argent en Top 14 mais a accepté de redevenir anonyme et de souffrir à l'entraînement. Cette expérience lui a été bénéfique", poursuit Pomarel.

. Un "duelliste" façonné aux Fidji

"Tout le monde s'extasie sur sa chistera au contact (contre le pays de Galles, NDLR) mais ça, il a toujours su le faire", estime l'ex-sélectionneur en évoquant les racines fidjiennes du Racingman. "Là-bas, les gamins jouent au rugby 4h ou 5h d'affilée sans arbitre, sur des terrains vagues, des terrains de boue ou des fronts de mer. Ils jouent à deux contre deux, cinq contre cinq ou dix contre dix. C'est grâce à ce rugby libre que Virimi a développé ses qualités de duelliste", explique Pomarel, qui avait passé deux semaines dans l'archipel du Pacifique Sud pour y observer les joueurs.

"Les duels, Virimi adorait cela", souligne-t-il. Lors des séances d'entraînements avec l'équipe de France à VII, il n'était pas rare qu'il "humilie" ses partenaires. "Je n'ai jamais vu quelqu'un avec autant d'armes dans les duels. Tout semblait faisable. Même lui ne savait pas d'avance ce qu'il allait faire."

. "Accepter le déchet"

Le revers de la médaille pour Vakatawa, c'est qu'il est aussi "un joueur fautif et parfois fougueux", selon Pomarel. "Avec lui, il faut accepter qu'il y aura du déchet", ajoute-t-il. Si l'équipe de France a concédé seize pénalités contre quatre face aux Gallois (victoire 38-21) samedi, "Virimi est peut-être le baromètre de tout ça", poursuit l'ancien sélectionneur. Mais il se complète bien avec les autres Français qui ont davantage "grandi dans un cadre".

Il rappelle que si les Fidji font partie du gratin mondial à VII (lauréats du circuit mondial 2015 et 2016 et champions olympiques 2016 notamment), ils font aussi partie des sélections les plus pénalisées. "Virimi n'est pas non plus une machine. C'est aussi ce qui le rend extrêmement attachant", conclut-il.

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