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Zoom sur le fantasque capitaine de la Russie qui affrontera les Diables au premier tour

Détesté par les uns, adoré par d'autres et enfin indiscutable en sélection, Artem Dzyuba sera le fer de lance de la Russie à l'Euro cet été (11 juin-11 juillet), après une carrière en dents de scie et un constant désir de revanche.

Un quadruplé sous les sifflets de ses propres supporters pour clôturer la saison, une polémique sur les matches en Tchétchénie (l'ambiance est "déprimante"), une pique à son coéquipier en sélection Alexander Sobolev ("un artiste de la simulation") et une fête grandiose pour les 50 ans de son ex-entraîneur Leonid Slutsky...

En une semaine mi-mai avant de partir avec l'équipe russe en stage de préparation en Autriche, Artem Dzyuba a vécu un condensé de sa carrière, mélange de joie, de fâcheries et de déclarations tonitruantes.

Sur le terrain, tout va bien pour l'attaquant du Zenit Saint-Pétersbourg. A 32 ans, il est incontournable en sélection, l'entraîneur Stanislav Cherchesov lui ayant même confié le brassard de capitaine.

En club, il a fini meilleur buteur du championnat avec 20 buts (et six passes décisives) en 27 matches, élément indispensable du troisième titre consécutif remporté par le Zenit.

Il aura fallu longtemps pour qu'Artem Dzyuba, plusieurs fois écarté de sélection, fâché avec nombre d'entraîneurs, arrive à ce sommet.

Après le titre du Zenit, clin d'oeil à ses bas suivis de hauts, c'est déguisé en Deadpool, le super-héros des studios Marvel doté de pouvoirs de guérison, que le natif de Moscou est venu récupérer sa médaille. "Deadpool, c'est la régénération: c'est tout moi", expliquera l'attaquant, seul joueur en Russie se permettant de telles excentricités.

Une machine s'il est en confiance

Si Artem Dzyuba a longtemps échoué à faire l'unanimité, c'est d'abord une question de style. Avec son 1,96 mètre et ses 97 kilos, l'avant-centre a l'allure pataude. Il ne court pas vite, il ne frappe pas fort mais les chiffres ont fini par montrer qu'il était un redoutable renard des surfaces, bien plus à l'aise balle au pied qu'il n'en a l'air.

C'est aussi une question de personnalité. "Il doit croire sans limite dans son entraîneur, son équipe, et alors il peut soulever des montagnes. Mais s'il sent que l'entraîneur ne lui fait pas confiance, qu'il y a une injustice, il peut simplement baisser les bras", a expliqué à l'AFP le journaliste sportif Igor Rabiner.

Un caractère qui lui a joué des tours, mais qui lui a aussi permis de rebondir. Début 2018, remplaçant au Zenit Saint-Pétersbourg, l'attaquant accepte une baisse de salaire et paye lui-même une partie de l'indemnité de prêt pour rejoindre l'Arsenal Toula, englué en bas de tableau.

En dix matches, Artem Dzyuba sauve le club de la relégation, notamment grâce à un but crucial face au Zenit, célébré en narguant l'entraîneur italien Roberto Mancini, qui l'avait écarté.

Banni de la sélection avant d'en devenir le capitaine

En sélection aussi, sa carrière a longtemps été inscrite en pointillés. Après un Euro-2016 désastreux, Stanislav Cherchesov récupère une équipe en lambeaux dont il écarte rapidement l'attaquant.

Il faudra un an pour que ces deux gros caractères enterrent la hache de guerre. Après l'avoir consciencieusement ignoré, le sélectionneur l'intègrera au dernier moment dans sa liste du Mondial-2018 en Russie.

Bien lui en a pris puisque face à l'Arabie saoudite en match d'ouverture, l'avant-centre marque une minute après son entrée en jeu. Suivra une célébration rageuse au cours de laquelle il se précipitera vers le banc russe, où Cherchesov l'accueillera d'un salut militaire devenu sa marque de fabrique.

Depuis cette Coupe du monde qui l'a érigé en héros d'une équipe qui s'est hissée à domicile en quart de finale, Artem Dzyuba est incontournable pour Cherchesov. Il ne l'a été écarté qu'une fois. C'était en novembre dernier, en pleine polémique autour d'une vidéo intime de l'attaquant piratée sur son téléphone.

Une vidéo qui a provoqué son divorce définitif avec les supporters ultras du Zenit Saint-Pétersbourg, connus pour leur racisme revendiqué et qui lui reprochent depuis son arrivée en 2015 d'avoir été formé chez l'ennemi juré du Spartak Moscou.

Depuis, c'est quasiment la guerre ouverte entre cette frange radicale et Artem Dzyuba. Fidèle à sa réputation de forte tête, celui-ci ne manque pas de les provoquer à chaque but qu'il marque.

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