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Athlétisme: Zhoya en trombe vers Eugene

Dès son premier été dans la cour des grands, la promesse de l'athlétisme français, Sasha Zhoya, fond en trombe sur les Championnats du monde à Eugene dans trois semaines, fort de son chrono du week-end sur 110 m haies digne des plus grandes finales internationales.

Zhoya se souviendra du jour de ses vingt ans: pour ce qui était seulement son cinquième 110 m haies en seniors, le hurdler franco-australien a survolé la finale des Championnats de France en 13 sec 17 samedi sur la piste du champêtre stade Hélitas de Caen.

Au bout, un premier titre de champion national et surtout le rang de sixième meilleur performer mondial de la saison, et de meilleur européen.

Ce temps canon fait entrer le champion du monde juniors et détenteur du record du monde de la catégorie d'âge dans une autre dimension.

"En faisant une performance comme celle-là, il aurait été en finale des JO l'année dernière. Et s'il n'avait pas été sur la boîte, il n'en aurait pas été loin", estime Dimitri Demonière, qui l'entraîne avec Ladji Doucouré à l'Insep.

Ses 13 sec 17 auraient en effet valu à Zhoya la sixième place de la finale du 110 m haies à Tokyo. Un centième derrière l'actuel leader français de la discipline, Pascal Martinot-Lagarde. A sept centièmes du podium, et treize de l'or olympique (Parchment en 13.04).

- Genou à surveiller -

Sur la piste normande, le jeune athlète né à Perth, dans l'ouest de l'Australie, et licencié à Clermont-Ferrand, a mis un brutal coup d'accélérateur, un mois seulement après ses premières foulées en seniors - où les haies ne mesurent plus 99 cm mais 1,06 m.

A Grosseto (Italie) le 22 mai, Zhoya, pris de crampes, n'a bouclé sa première sortie qu'au-delà des 14 sec (14.13).

Trois semaines plus tard à Genève (Suisse), il a couru en 13 sec 48. Puis un peu plus vite, en 13 sec 40, mi-juin à Paris.

En un après-midi à Caen, il a fait progresser son record personnel de plus de deux dixièmes, avec 13 sec 24 en séries d'abord, puis 13 sec 17 en finale.

"Effectivement, ça va relativement vite, convient Demonière. C'est bien chronométriquement parlant, il sort la course quand il faut (il s'agissait de sa dernière occasion de courir les minima pour Eugene, ndlr), c'est un peu plus solide. Il y a encore des fautes, mais de manière générale, la course est satisfaisante."

A surveiller cependant, le genou de Zhoya, sous anti-inflammatoires et qui doit subir une infiltration dans la semaine pour une fissure du ménisque survenue il y a une quinzaine de jours à Genève, quand "il a fait un mouvement pour éviter un juge après une haie lors de l'échauffement".

- "Sous les 13 sec" dans un an ? -

Quid des attentes qui vont naître de sa performance ?

"C'était déjà comme ça avec les années cadets et juniors. Maintenant que j'ai fait un petit chrono sur la taille (de haies) seniors, ça va faire le même type d'attentes", estime-t-il.

"Sasha, c'est une pépite, qu'il faut préparer, préserver, protéger" mais "il vit bien avec ça, et nous on est là aussi pour absorber", explique son entraîneur.

"Je pense que c'est une composante importante dans sa motivation personnelle, qu'il se sente transcendé. En fait, c'est une autre personne, pas tout à fait le même Sasha quand on est en compétition: il sait monter d'un cran, c'est ça aussi qui fait la différence", poursuit-il.

Avant les Mondiaux d'Eugene, pour lesquels la sélection française est attendue mercredi après-midi, on ne devrait pas revoir Zhoya dans des starting-blocks.

"Vu ce qu'il a fait (à Caen), on peut être rassuré sur le travail qui a été réalisé, sur son niveau de forme, et se mettre en mode préparation des Mondiaux", projette Demonière.

Au-delà, quand on l'interroge sur les axes de progression de son élève, le technicien évoque "la force physique, la vitesse pure, et le côté technique encore très perfectible malgré la performance" du week-end.

Zhoya, lui, se verrait bien sous les 13 secondes "avec un an de plus dans les jambes".

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