Accueil Actu Vos témoignages

Info ou intox: les traînées blanches des avions dans le ciel peuvent-elles directement influencer la météo?

Ce n’est un secret pour personne, l’avion est source de pollution. Mais, le passage de plusieurs avions sur un ciel bleu peut-il changer drastiquement la météo et le climat ? Ces traînées blanchâtres représentent-elles un danger pour la santé des habitants ? Voici les réponses des climatologues. 

Le nez en l’air. Les yeux rivés vers le ciel. C’est quelque chose que nous avons déjà tous observé, machinalement, sans y prêter attention : un ciel bleu transpercé de lignes blanches discontinues. Ce n’est pas le cas de Jordan. Le phénomène l’interpelle et il a choisi de nous alerter, via le bouton orange. 

Jordan résume la chose ainsi : "Ciel bleu le matin, ensuite plusieurs passages d’avions laissant de grandes traînées et quelques heures plus tard, le ciel est complètement couvert". Il nous invite par la même occasion à investiguer la question, en rappelant que "nous et nos enfants respirons le même air"

 

Pour répondre à l’interrogation légitime de Jordan, nous faisons appel au climatologue et professeur à l’Université de Liège, Xavier Fettweis. 

Un ciel relativement bleu qui se couvre après le passage de plusieurs avions, est-ce une vision correcte des choses ? Le climatologue confirme : "C'est possible si on a beaucoup d'avions, donc on va apporter beaucoup d'eau très haut en altitude, ce qui peut générer des cirrus (ndlr : nuages élevés à l’apparence de filaments blancs qui ne produisent jamais de précipitations). En tout cas, cela permet d'alimenter des nuages de haute altitude".
 

Un impact sur la météo et sur le climat

Ces traînées d’avions ont deux effets sur le climat : un effet parasol, un effet refroidissant pendant la journée. En revanche pendant la nuit, et c’est l’effet dominant, ces traînées génèrent un gros effet de serre parce que "l’eau est le principal gaz à effet de serre, et plus cette eau est haute en altitude, plus cet effet-là est important"

Les scientifiques étudient ce phénomène qui participe au réchauffement global. A l’heure actuelle, explique Xavier Fettweis, on estime que "les traînées d’avions seraient responsables d'un réchauffement de l’ordre de 0.1 degré à l'échelle du globe, ce qui n'est pas négligeable".

Le climatologue rappelle que globalement la température a augmenté de 1.5 degré et "il y aurait 5 % qui serait dû au fait d’avoir de plus en plus de traînées d’avions".

Un impact qui s’ajoute aux gaz à effet de serre émis par les avions. Concrètement, "les avions mettent des gaz à effet de serre directement dans l'atmosphère et en plus ils apportent de l'eau à des altitudes où normalement il y en a très peu. Et cette eau ne fait qu’amplifier l'effet de serre lié à la combustion des énergies fossiles", précise le scientifique.

Un événement majeur a permis de mesurer les effets de ce phénomène : les attentats du 11 septembre 2001. "Suite aux attaques, il y a vraiment eu un arrêt du transport par avion, notamment aux États-Unis, du jour au lendemain. Et donc là, on a pu établir le rôle de ces traînées sur le climat"

Un impact sur la santé ?

Pas directement, estime le climatologue Xavier Fettweis "parce que tout se passe en haut. Mais, avec le réchauffement climatique auquel ces traînées contribuent, on va avoir un impact, de manière indirecte, sur la santé des habitants".
 

Alors, quelles solutions ?
 

"Si on voulait limiter l'impact des avions sur le climat, il faudrait s'arranger pour que les avions ne volent que la journée", lance Xavier Fettweis qui sait à quel point cette piste est difficile à mettre en œuvre. 

Une solution serait d’utiliser du kérosène vert, "c'est-à-dire du CO2 qu'on aurait été pompé dans l'atmosphère pour regénérer du nouveau kérosène. A ce moment-là, ce serait du kérosène neutre en CO2". Mais ajoute le climatologue, "l’impact en termes d’eau restera toujours là".

Quant à l’avion électrique, il existe quelques modèles mais on est encore loin d’une vraie utilisation commerciale. 


En attendant, l'aviation est responsable d'une partie non négligeable du réchauffement global et donc la solution pour limiter les émissions d'eau et d'énergie fossile, c’est tenter de réduire l’utilisation des avions. Et ce n’est pas si facile, car comme le pointe Xavier Fettweis, "il y a aussi le problème que l’avion coûte beaucoup moins cher que le train. Si vous voulez aller à Marseille, ça va vous coûter 200 euros, alors qu’en avion, ça peut vous coûter 20 euros""Un problème qui pourrait se résoudre politiquement d’une manière ou d’une autre", conclut le climatologue.
 

À lire aussi

Sélectionné pour vous

Commentaires

2 commentaires

Connectez-vous à votre compte RTL pour interagir.

S'identifier S'inscrire
  • Comme toujours, on tape toujours sur les voitures, mais pour les avions, on n'entend jamais rien... C'est quand même curieux ça, car, à mon avis, ils polluent en grande partie également l'atmosphère!!!

    Eddy PONDANT
     Répondre
  • "l’eau est le principal gaz à effet de serre, et plus cette eau est haute en altitude, plus cet effet-là est important". Plus le mensonge est gros , plus il passe ! En tant que météorologue depuis plus de quarante ans , je peux vous affirmer que c'est exactement le contraire . Plus le nuage est bas , plus le réchauffement est marqué .

    pierre thiry
     Répondre