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Un camping très touché par les crues à Hotton: "Un monsieur de 90 ans était assis sur son fauteuil qui flottait au milieu de sa maison"

A Hotton, les crues de l’Ourthe ont provoqué d’importants dégâts. Trois campings ont fortement été touchés par les inondations. Plus de 90 personnes ont dû être évacuées. Heureusement, les sinistrés de la commune peuvent compter sur une solidarité citoyenne pour faire face à ces conséquences dramatiques dont les traces disparaissent petit à petit.

"Je suis très choquée de voir tous ces sinistrés. A Hotton, il y un camping où il y a beaucoup de résidents et leurs caravanes ont bougé. Eux aussi, ils ont tout perdu", témoigne une dame via notre bouton orange Alertez-nous.

Il s’agit du camping Père André à Hotton, dans la province de Luxembourg. C’est sa sœur Véronique qui y possède une caravane avec son mari pour les vacances. Le couple réside à Orp-Jauche, dans le Brabant wallon. "Nous n’étions pas présents lors des inondations. Apparemment, tout le camping a été inondé en quelques minutes. C’est un ami qui nous a avertis le lendemain matin que notre caravane était sous eau", raconte-t-elle.

"Une barque avec des pompiers est arrivée pour nous évacuer"

Au total, il y a 139 emplacements et 40 personnes y sont domiciliées. "Les gens qui résident en permanence au camping ont été fortement choqués. Certains ont vu l’eau arriver et ils ont cru qu’ils allaient mourir", confie Véronique. "Les résidents présents ont été évacués par bateau", ajoute-t-elle.

D’après la gérante du camping, une quarantaine de personnes du camping et des habitations de la rue ont été secourues. "Je me suis réfugiée dans le bâtiment de l’accueil avec quelques personnes. On a passé la nuit là-bas. Une barque avec des pompiers est arrivée pour nous évacuer mais je leur ai dit de d’abord aller secourir les résidents coincés dans les caravanes, surtout que certaines étaient en train de bouger", se souvient Isabelle Villers. 

J’ai moi-même été aussi secourir un monsieur de 90 ans dans sa maison

Ensuite, un engin de chantier d’une carrière est venu chercher les derniers résidents. "J’ai moi-même été aussi secourir un monsieur de 90 ans qui était assis sur son fauteuil qui flottait au milieu de sa maison juste à côté du camping. Il avait le sourire malgré tout", raconte la gérante.

D’après elle, seules deux ou trois caravanes ont été épargnées. "Comme à beaucoup d’endroits en Wallonie, c’était la catastrophe", confie Isabelle.


 
 

"Dans notre caravane, il y a eu 50 cm d’eau"

Ayant des problèmes de santé, Véronique n’a pas pu se rendre sur place. Mais son mari est parti le plus rapidement possible pour constater les dégâts et aider les autres résidents. "Dans notre caravane, il y a eu 50 cm d’eau. Tous les fauteuils sont abîmés, il y a des traces sur les murs. Notre terrasse en bois a bougé de 15 cm. On a beaucoup de dégâts mais pour d’autres, la situation est bien pire. Certaines caravanes ont bougé et se sont retrouvées au milieu des chemins. Il faut les remettre sur les blocs, ce n’est pas évident", souligne-t-elle.

Plus d'électricité ni de réseau GSM

L’une des conséquences de ces inondations est également une coupure du courant. Selon la gérante du camping, des techniciens d’Ores sont venus en début de semaine pour tenter de rétablir l’électricité. "On ne peut pas dire quand le courant sera rétabli. Ores s’en occupe mais ne peut pas me fournir de délai ni de topo pour le moment. Cela dépend d’un certain nombre de critères, comme la vétusté du système électrique. Certaines caravanes vont récupérer plus vite le courant que d’autres", indique Jacques Chaplier, le bourgmestre de Hotton.

"C’est le même souci pour les opérateurs télécom qui ne sont pas clairs à ce sujet. Certains résidents n’ont donc plus d’électricité et se retrouvent sans GSM et sans internet. Ils sont coupés du monde", regrette-t-il.

Trois campings fortement impactés 

D’après lui, deux autres campings ont été fortement impactés par les crues de l’Ourthe à Hotton: le Moulin et la Mayette. Au total, ce sont plus de 90 personnes qui ont été évacuées.

"Et sur l’ensemble de la commune, 250 citoyens ont dû être relogés dans des habitations grâce à la solidarité de la population. Toutes les maisons situées le long de la rivière à une hauteur insuffisante ont été inondées. Soit 1.300 maisons", énumère le bourgmestre qui félicite le personnel communal et les services de secours. "Je salue le travail et le dévouement du service travaux de l’administration communale qui n’a pas compté ses heures pour secourir les sinistrés. Des gens en vacances sont revenus. Et la situation était vraiment compliquée puisque les trois villages impactés étaient séparés par les eaux. L’accès était bloqué et dangereux."


 
 
 

Place au nettoyage et à la solidarité 

Très vite, une fois que l’eau est redescendue, les sinistrés ont commencé à nettoyer leurs biens. Grâce à la solidarité citoyenne, la situation s’améliore petit à petit. "On peut vraiment compter sur l’aide de bénévoles. Des bras et de la nourriture", souligne Jacques Chaplier.

D’après lui, toutes les situations critiques éventuelles sont à présent écartées dans sa commune. Seules quelques personnes doivent être relogées sur le long terme, c’est-à-dire entre 15 jours et un mois.

"88 tonnes de déchets ont déjà été évacués et il y en a encore autant. J’ai fait appel à un service privé pour que cela tourne à plein régime", indique le bourgmestre qui s’attèle également au problème du nettoyage des rues.

"Il restera à régler le problème de l’arrivée des ruisseaux dans la rivière car il y a de l’accumulation à certains endroits. Pour les communes d’Houffalize, La Roche, Rendeux, Hotton et Durbuy, j’ai demandé l’aide de l’armée pour réaliser le "nettoyage" de l’Ourthe. Les militaires vont utiliser un bateau pour évacuer les nombreux déchets qui sont parfois dangereux", explique Jacques Chaplier.

Au premier abord, les gens étaient choqués, tristes, désemparés. Mais le moral revient  

Au camping du Père André, Isabelle aide comme elle peut les résidents sinistrés. "Au premier abord, les gens étaient choqués, tristes, désemparés. Mais on évacue de plus en plus de déchets et le moral revient chez la plupart d’entre eux. Heureusement, la majorité des caravanes seront récupérables", se réjouit la gérante. 

Positive et dynamique, elle donne des conseils pour faire disparaître au plus vite les dégâts. "On ramasse tous les déchets depuis quelques jours pour les évacuer. Il n’y a plus d’eau stagnante mais de la boue. Il faut donc laver à l’eau claire ce qui est sale et laisser sécher. Le travail paraît immense mais on ne perd pas courage", assure Isabelle qui remercie les bénévoles. "Nous avons reçu beaucoup de dons et un groupe de jeunes néerlandophones vient d’arriver pour nous aider".

Elle rappelle également aux résidents de prendre des photos pour les compagnies d’assurance. Ce que le mari de Véronique a fait, dans l’espoir de recevoir une indemnisation.

Des inondations sans précédent: "Ce n'est jamais arrivé"

Le couple reste en tout cas surpris par cette situation dramatique sans précédent. "Cela fait 7 ans que nous avons cette caravane et je n’ai jamais connu de telles inondations. Ce n’est jamais arrivé. En 2015, une tornade a balayé notre camping et a déjà causé des dégâts. Notamment des arbres qui sont tombés sur des caravanes. Mais ce n’est pas comparable", témoigne Véronique.

Un sentiment confirmé par le bourgmestre de Hotton. "Il y a eu 50 cm d’eau plus haut que la pire crue qu’on ait connue", précise Jacques Chaplier.


 
 
 

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